Le
bison
Décimé au 19e siècle,
le bison réapparaît lentement en Amérique
du Nord. Sa viande, moins grasse mais plus goûteuse
que le buf, le remplace avantageusement. Nous sommes
allés visiter la ferme québécoise La Bisonnière,
qui en fait l'élevage et la promotion.
Quelque
50 fermes québécoises ont fait du bison
une de leurs spécialités. Nous avons choisi
de rencontrer Sylvie Saint-Arneault, qui gère, avec
son conjoint Daniel Gagnon, La Bisonnière, une
ferme située près du village de Saint-Prosper,
en Mauricie. Le couple a décidé, il y a trois
ans, de se lancer dans l'agrotourisme afin de vivre de son
élevage.
Aujourd'hui, leur réputation n'est plus à faire.
Plus de 5000 visiteurs passent chaque année à
leur ferme pour découvrir le bison, mais aussi pour
en déguster la viande. « Les gens veulent
goûter, découvrir cette viande-là,
dit Mme Saint-Arneault. Ils veulent les voir, qu'on leur
en parle, mais ils veulent aussi y goûter. »
La curiosité des gens, l'envie de faire découvrir
le bison et l'amour pour cet animal font leur succès.
La
journée commence tôt pour Mme Saint-Arneault,
avec tous les préparatifs et la cuisine à faire
pour recevoir tout ce monde. Elle porte d'ailleurs une attention
particulière aux préparatifs pour plaire à
ses invités, comme si elle recevait sa famille.
« On
a une petite routine, raconte l'hôtesse. On commence
le dessert, ensuite on fait saisir un petit peu nos oignons,
on met nos cubes de bison, on ajoute des carottes et du céleri,
tout simplement, puis une petite sauce, et on laisse mijoter
comme ça, tranquillement. »
Selon Mme Saint-Arneault, la viande de bison est une
viande très maigre, qui contient moins de 3 %
de gras, et 25 % à 30 % plus de protéines
que le buf. « Je dis souvent aux gens :
"Si vous aimez le buf, vous allez aimer le bison",
parce que ça n'a pas un goût si prononcé
que ça, si on le compare au chevreuil ou à l'orignal.
Souvent, ce qui va donner un goût plus corsé
à la viande, c'est quand l'animal mange du sapinage. »
Côté
cuisson, cette viande demande plus d'attention que le buf
parce qu'elle est plus maigre. Il faut la faire cuire à
feu doux, comparativement au buf qu'on saisit à
feu plus vif. Quant au prix, on peut s'attendre à payer
environ 30 % plus cher pour le bison, comparativement
au buf.
Mme Saint-Arneault
accueille ses visiteurs par une présentation de la
ferme et de l'histoire du bison. Ensuite, on leur propose
une visite aux champs, une sorte de safari pour voir de plus
près l'animal. Puis, au retour, une dégustation
de la viande de bison apprêtée à la mode
québécoise (saucisses, tourtière et ragoût)
les attend.
Mme Saint-Arneault
adore son travail : « Les premières
années, on avait vraiment un goût de retour à
la terre et on cherchait une production. Mais on ne connaissait
rien à l'agriculture, imaginez, alors on ne pouvait
pas s'improviser producteurs laitiers ou de bovins. J'ai souvent
dit à Daniel, après : "Si on avait
rempli l'étable de bufs ou de vaches, à
qui j'aurais parlé ?" Possiblement qu'après
quelques années, je me serais ennuyée, moi,
à la ferme. Mais le fait de recevoir des visiteurs,
c'est vraiment ce qui me passionne le plus dans mon travail.
Parce que je vois la réaction des gens, tout de suite.
On fait la visite, on leur donne plein d'explications, ils
viennent manger, et quand les gens me disent : "Madame,
on a pris un bon repas chez vous, on a passé un bon
moment, on a bien apprécié", c'est mon
cadeau à moi, c'est très valorisant ».
Du nouveau chez le boucher
Toutes sortes de viandes nouvelles sont
maintenant disponibles dans plusieurs boucheries du
Québec. En plus du bison, on vous proposera peut-être
du cerf, de la pintade, du poulet de Cornouailles, du
canard de Barbarie, du lapin...
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Information complémentaire
Le massacre des bisons d'Amérique du Nord
On estime que les autochtones et les bisons
se côtoyèrent en Amérique du Nord
durant quelque 25 000 ans sans compromettre
la survie de l'espèce. L'arrivée de l'homme
blanc changea tout. Alors que quelque 40 à
60 millions de bisons peuplaient les grandes plaines
au centre de l'Amérique du Nord au début
des années 1800, il en restait moins de 1000
à la fin de ce même siècle à
cause des Blancs.
Ce massacre systématique fut accentué
par la construction du chemin de fer transcontinental
aux États-Unis. On raconte que l'un des loisirs
de certains voyageurs consistait à tirer sur
les bisons qu'ils apercevaient en cours de route.
L'extinction du bison priva les autochtones
des plaines de leur principale source de nourriture
et de matières premières. En effet, le
bison leur permettait entre autres de fabriquer abris,
vêtements, ustensiles, outils et armes. La disparition
de l'animal correspond ainsi à la période
où les autochtones furent privés de leur
autonomie économique, politique, religieuse et
culturelle par les envahisseurs blancs. Sans compter
que des milliers d'entre eux, dont bon nombre de femmes
et d'enfants, furent aussi assassinés.
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