La
Meunerie milanaise
Les produits biologiques connaissent
une popularité grandissante. Dans la belle région
de l'Estrie, près du lac Mégantic, la Meunerie
milanaise utilise ce processus plus respectueux de la nature
et de la santé. On y fabrique des farines et pâtes
alimentaires biologiques de haute qualité nutritive.
Le
modeste village de Milan, près du lac Mégantic,
abrite la Meunerie milanaise, l'une des trois meuneries québécoises
qui produisent des farines biologiques moulues à la
pierre. Il s'agit d'une méthode artisanale de nos ancêtres,
disparue avec l'industrialisation.
« Disons
qu'au début, nous étions pas mal considérés
comme des extraterrestres sur le marché »,
s'exclame Robert Beauchemin, copropriétaire de
la meunerie. Cet ingénieur et mathématicien
de formation a pourtant les deux pieds bien sur terre et dirige
aujourd'hui une entreprise en plein essor.
Qu'est-ce qu'une farine biologique
moulue à la pierre ?
Pour obtenir la certification biologique,
le producteur doit utiliser des grains cultivés
sans produits chimiques et les transformer sans additifs.
Qu'est-ce qui distingue une farine biologique moulue
à la pierre d'une farine industrielle ?
Tout repose sur les énormes meules de granit
rose utilisées et sur l'art de les affûter.
M. Beauchemin
explique : « Une farine sur
cylindre, c'est une farine où on déshabille
le blé progressivement. On enlève les
couches extérieures, soit le son, le germe et
le gru. Nous, à la meule, on prend le grain au
complet et il est broyé, écrasé.
Donc tout se retrouve dans le produit final ».
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Ce
procédé contribue à rehausser la valeur
nutritive, la texture, l'arôme et le goût. Cela
donne une farine différente de celle fabriquée
en industrie, mais aussi plus chère pour le consommateur.
Car cette farine demande une attention particulière :
le meunier ne pouvant pas ajouter de produits chimiques, il
n'y a pas de mesure stable et constante.
Il doit donc en quelque sorte réinventer le livre
de recettes et trouver les nouvelles mesures à l'aide
de son « farinographe » : « Nous
effectuons toutes sortes de tests avec les farines, poursuit
M. Beauchemin. D'abord, nous vérifions la qualité
du gluten, qui est un ingrédient important dans le
processus de panification. C'est un petit peu comme une gomme
à mâcher, c'est ce qui donne l'élasticité
à la pâte, ce qui la fait gonfler. On peut aussi
donner au boulanger les paramètres dont il a besoin :
la quantité d'eau optimale qui va être absorbée,
le temps de pétrissage, le temps de levée... ».
Et
le consommateur, à la maison, doit-il cuisiner autrement
la farine biologique ? Oui, répond M. Beauchemin :
« On a besoin d'ajuster la quantité d'eau,
ne pas nécessairement suivre la recette. Pour les gens,
c'est d'être attentifs quand ils cuisinent, quand ils
font du pain, des gâteaux. Une recette, c'est une indication.
Il faut s'inspirer, il faut voir la différence qu'il
va y avoir d'un produit à l'autre. Sinon, ce n'est
pas faire de la cuisine, c'est faire de la chimie. »
Trois
meuneries artisanales fabriquent de la farine biologique au
Québec. Mais la Meunerie milanaise est la seule à
produire des pâtes alimentaires. On y retrouve une quarantaine
de variétés de pâtes, produites selon
une technique d'Italie.
Comment
y sont-elles fabriquées ? « On les
produit avec des équipements différents,
affirme M. Beauchemin. Les matrices sont en bronze
au lieu d'être en téflon. Ça produit des
pâtes à la texture un petit peu plus rugueuse.
Au lieu d'être séchées quatre ou six heures
à très haute température, on les sèche
de 14 à 16 heures à une température
qui ne dépasse pas 50 ou 55 degrés. Parce
qu'à partir de 70 degrés, plusieurs enzymes
sont affectées, donc les saveurs et les arômes
dégagés par les produits peuvent être
altérés ou modifiés. » Seuls
les spaghettis sont produits avec du téflon parce que,
semble-t-il, les Québécois les aiment plus lisses.
Comme dans l'ensemble du secteur biologique, la meunerie
vit une croissance assez remarquable : « On
a une croissance de 25 à 30 % par année.
Le défi qui nous attend, au fur et à mesure
que l'entreprise prend de l'ampleur, c'est de continuer
à maintenir une approche d'artisan », conclut
M. Beauchemin.
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