Les
fruits exotiques
Connaissez-vous la plus grosse
fruiterie du Québec? Non? C'est normal : la plupart
des fruits y sont vendus... la nuit! L'épicerie s'est
levée très, très tôt pour aller
rencontrer ceux qui uvrent au Marché central
de Montréal pour que des mangues, litchis et papayes
se retrouvent sur votre table.
Tous
les matins, à la même heure, plusieurs marchands
se rassemblent dans une section du Marché central de
Montréal pour s'approvisionner. Nino Marcone, propriétaire
de la fruiterie Chez Nino, est arrivé à 3 h 30
du matin, comme il le fait six jours par semaine. Il y reste
deux ou trois heures.
M. Marcone
nous présente un melon sucré et juteux :
« Ce type de melon est vert mûr à
l'intérieur. Je vais vous montrer. Ces melons sont
succulents ». M. Marcone avoue goûter
très souvent les produits avant de les acheter :
« Je me cache là où personne ne
me voit, je fais un petit trou et je goûte ».
Quel critère le guide dans le choix de ses fruits?
« Le fruit doit être ferme. Pour le consommateur
qui viendra acheter à mon magasin, il faut que le fruit
se garde trois ou quatre jours. »
M. Marcone connaît bien son métier. « Ça
fait un bon 30 ans que je vends des fruits exotiques,
dit-il. Le marché a beaucoup changé. Au début,
personne ne connaissait ça. On achetait et on faisait
goûter parce que les gens étaient curieux. On
coupait et on faisait goûter. C'est comme ça
que c'est parti. »
Un
autre acheteur, Sébastien Gingras, du magasin Chez
Louis, était satisfait de ses trouvailles ce matin-là :
« La récolte est très bonne ce
matin. Voici des pepinos. C'est un mélange de melon
et de concombre. Ce fruit n'est pas trop sucré et très
savoureux. Ils sont gros et très beaux. Certains sont
trop verts, mais en gros ils sont plutôt mûrs,
prêts à manger ».
Il nous guide un peu plus loin. « Ça,
ce sont des ramboutans, nous montre-t-il. C'est un
fruit de la même famille que les litchis. Si vous les
mangez mûrs, choisissez-les les plus foncés possible.
Normalement, quand ça nous arrive ici à Montréal,
c'est verdâtre avec un peu d'orangé. En mûrissant,
ils rougissent. Quand le fruit est arrivé à
maturité, il brunit. »
Dans une autre allée, M. Gingras déniche
des papayes. « Ici, on a des papayes qui viennent
du Brésil. On les appelle les petites papayes. Je vais
en prendre. Elles sont très belles, même si elles
ne sont pas à un degré de maturation élevé. »
« À
côté, poursuit-il, ce sont des papayes
du Mexique. Comme on peut voir, elles ne sont pas très
belles, alors je n'en prendrai pas. »
Selon
M. Marcone, les plus beaux litchis en ce moment viennent
de Malaysia. Pour les choisir, sachez que la couleur ne veut
rien dire, selon le fruitier : « Ils peuvent
être verts ou rouges et être super bons. Il ne
faut pas qu'il y ait de moisissures dessus. Au toucher, ils
doivent être tendres. Si c'est dur, le fruit est sec
à l'intérieur. Quand c'est mou, il est juteux ».
Un autre truc de M. Marcone, cette fois pour évaluer
la fraîcheur des raisins : « Si vous
voyez un raisin dont la tige est sèche, le raisin est
vieux. Si la tige est verte, le raisin est frais ».
Cette
fois, un autre fruit, le melon à cordes, n'emballe
pas particulièrement M. Marcone : « C'est
à peu près la même chose que de manger
un concombre. Et quand on le coupe, à l'intérieur,
c'est exactement pareil ».
De
son côté, M. Gingras cherche des mangues.
« Ici, on a des mangos du Pérou, dit-il.
Les fruits de cette boîte-ci sont beaucoup plus beaux
et lustrés, alors que dans l'autre ils sont fades.
On va choisir la première. » M. Gingras
préfère les mangues du Mexique aux autres. Selon
lui, la meilleure saison pour les mangues de ce pays débute
en mai et se termine en juillet.
M. Gingras
a trouvé d'autres papayes à son goût chez
un fournisseur différent : « Ces
papayes sont mûres, belles, grosses et prêtes
à manger. Pour les choisir, on les sent, on les touche.
Pour une papaye prête à manger, on fait une légère
pression. Si ça enfonce, c'est qu'elle est prête
à manger. Sinon, c'est qu'elle sera trop dure. On va
en prendre deux caisses ».
Qui
achète des fruits exotiques? « N'importe
quel consommateur, croit M. Gingras. Beaucoup
sont curieux. Souvent, au magasin, on nous pose des questions,
par exemple à quoi ressemble le fruit à l'intérieur.
Parfois, quand le consommateur a essayé un fruit, il
l'adopte. »
De grands voyageurs!
Les fruits qui ont une longue durée de vie,
comme les raisins et les pommes Granny Smith en provenance
d'Afrique du Sud, peuvent prendre trois semaines, par
bateau, à se rendre jusqu'à nous.
D'autres fruits sont transportés par bateau
et par camion au cours du même voyage, comme les
fruits qui nous viennent d'Amérique centrale
(ananas, bananes...).
Enfin, certains fruits rares ou fragiles voyagent par
avion, comme les cerises de France.
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