Chef
d'un soir
Servir des dizaines de personnes
en même temps, s'assurer que tous les plats seront prêts
à temps... pas facile! C'est pourtant le rêve
de nombreuses personnes. Et un restaurant de Montréal,
Le Gutenberg, leur offre la chance de devenir « chef
d'un soir ». Nous avons accompagné François
Maheu, qui a réalisé ce rêve.
« Ma
femme, raconte M. Maheu, est tombée il
y a quelques années sur une publicité qui proposait
de devenir chef d'un soir. Elle avait mis ça parmi
ses recettes. Mon anniversaire s'en venait, et elle est tombée
dessus. Elle a téléphoné au restaurant,
puis elle m'a présenté ça comme cadeau.
Je suis très content. »
M.
Maheu servira ce soir différents plats à dix
de ses proches, incluant son épouse. Comment a-t-il
établi le menu? « J'ai choisi de faire
des plats que chez nous, dans une cuisine normale, je n'ai
vraiment pas l'occasion, l'équipement ou les techniques
nécessaires pour les faire. C'est quand
même des grands souliers à chausser. Je
suis très loin d'être chef. C'est seulement un
hobby pour moi. »
Menu
Ris de veau croustillant
Tombée de chanterelles
Potage de carottes
Poire caramélisée à l'érable
Filet de canard poêlé
Flan de foie gras
Réduction de champigny
Purée de panais à l'ail rôti
Crème brûlée aux
figues confites
et vanille Bourbon
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Les
chefs d'un soir arrivent vers 16 h et servent vers 19 h.
C'est Frédéric Coutin, chef au restaurant
Le Gutenberg, qui accompagnera M. Maheu tout au long
de la soirée. Est-ce très demandant pour lui
de s'occuper des « chefs d'un soir »?
« Non, répond M. Coutin, parce
que je ne m'occupe que d'eux. C'est fait exprès. C'est
un moment privilégié ensemble. »
« On
va commencer par le dessert, indique M. Coutin à
son apprenti chef d'un soir. On commence toujours par le
dessert. »
À 18 h 15, les invités de M. Maheu
commencent à arriver; à 19 h 30, c'est
enfin le premier service. Le chef devient convive à
son tour, pendant quelques minutes. M. Coutin lui adresse
un avis amical : « Je vous souhaite un
bon appétit. Donc, comme on a dit, si c'est bon, c'est
grâce à vous, et si ce n'est pas bon, c'est à
cause de moi! »
À
peine l'entrée terminée, le chef doit déjà
retourner à ses fourneaux pour terminer le potage.
20 h : le deuxième service. « Je
vous présente mon potage Crécy »,
s'exclame M. Maheu, en se joignant au groupe pour y goûter
lui aussi.
« Je
veux vous présenter mon plat principal de ce soir,
annoncera enfin plus tard M. Maheu. C'est un filet
de canard poêlé et un poêlé de foie
gras. »
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Marcel Maheu, père de François
: « Depuis qu'il est jeune, il aime faire
à manger, François. »
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« François, tu sais
que la prochaine fois que tu nous invites, la barre
sera très haute! »
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« Un jour, je vais te prendre
au mot, François, et accepter ton offre de venir
cuisiner et servir mes invités! »
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La femme de François : « On
a goûté à des choses nouvelles.
Le ris de veau, la plupart d'entre nous n'y avions jamais
goûté, parce que ça prend une certaine
procédure. Il faut savoir dégorger, et
tout. Mais maintenant, on sait que c'est très
bon. »
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Combien
coûte la réalisation de ce rêve? Robert
Herrera, propriétaire du restaurant Le Gutenberg, répond
: « Ça varie toujours entre 60 $ et 75
$ par personne, avec l'accord des mets et vin, en fonction
du menu choisi par le chef d'un soir. C'est toujours au moins
quatre services et au moins quatre vins ». Ça
peut paraître cher, « mais c'est à
peu près l'équivalent d'une bouteille par personne »,
poursuit M. Herrera.
« On va aller prendre le chef
en photo! »
Comment M. Coutin évalue-t-il notre chef d'un
soir? « Il est en pleine forme. Je pense que
je pourrais le garder pour des services du midi! »
De son côté, M. Maheu a bien apprécié
son expérience : « J'ai été
bien guidé par le chef. Sans changer le menu, à
plusieurs occasions il m'a expliqué certaines choses
qu'il faudrait peut-être modifier, et il avait bien
raison. Ce que j'ai apprécié aussi, c'est
de voir tous les ingrédients, toute la possibilité
qu'ils ont. Et quelqu'un qui fait la vaisselle, plaisante-t-il,
j'aime beaucoup ça! »
Le chef d'un soir a-t-il éprouvé un moment critique,
en cuisine? « Je pense que ça a été
surtout l'arrivée, estime-t-il. Commencer à
toucher aux chaudrons, m'acclimater un peu. C'est une expérience
qui vaut la peine d'être vécue. C'est le cadeau
qui m'a été offert, et en plus j'ai l'occasion
d'enrober ça avec l'équipe de L'épicerie...
c'est la cerise sur le sundae! »
« François, à
l'amitié! La balance, on verra! »
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