ArchivesL’héritage de Phyllis Lambert, architecte
L'architecte Phyllis Lambert a légué un important héritage patrimonial à Montréal au cours de ses 70 ans de carrière.
Photo : Radio-Canada
Née en 1927 à Montréal, Phyllis Lambert, membre de la richissime famille Bronfman, est une architecte qui a adopté une vision de ce à quoi devrait ressembler une ville. Cette conception, de même que les multiples projets qu’elle a soutenus ou réalisés pour la concrétiser, a notamment contribué à doter sa ville natale d’un héritage patrimonial remarquable.
Préserver le patrimoine bâti de Montréal
Le 4 octobre 1983, l’animatrice de l’émission Noir sur blanc, Denise Bombardier, interviewe la directrice du Centre canadien d’architecture (CCA), Phyllis Lambert.
L'animatrice Denise Bombardier interviewe l'architecte Phyllis Lambert au sujet de sa vision de la ville idéale.
Elle décrit à ce moment-là sa vision de ce à quoi devrait idéalement ressembler une ville.
Il faut regarder les villes comme un tout et pas seulement par ses éléments. Ce n’est pas une collection d’objets ou de timbres-poste. Il faut regarder la ville comme un élément où les gens puissent vivre en quartiers, avec tout ce qu’il y a comme atout social ou physique.
Phyllis Lambert confie également à Denise Bombardier qu’elle considère Montréal comme une ville extraordinaire dans le contexte nord-américain, notamment grâce à son patrimoine historique bâti.
Toutefois, depuis les années 1950, déplore-t-elle, les nouvelles constructions d’édifices et d’infrastructures ont affaibli la diversité et la cohérence des quartiers montréalais.
L’objectif de Phyllis Lambert? Retrouver l’âme de Montréal et donner aux citoyens les pouvoirs décisionnels en ce qui concerne le développement urbain.
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Quelques batailles de Phyllis Lambert
Phyllis Lambert l’avoue elle-même : elle est souvent partie en guerre durant sa vie.
En 1975, par exemple, Phyllis Lambert a fondé Héritage Montréal.
Dès sa fondation, cet organisme a soutenu énergiquement les citoyens du quartier Jeanne-Mance–Milton Parc qui voulaient empêcher la démolition de leurs logements par les promoteurs d'un projet immobilier de grande ampleur.
Lise Garneau interviewe Phyllis Lambert sur les activités d'Héritage Montréal.
Le 25 mars 1982, en entrevue avec la journaliste de Femme d’aujourd’hui, Lise Garneau, Phyllis Lambert rappelle qu’Héritage Montréal continue d’être très actif dans la préservation du patrimoine bâti de la métropole.
L’organisme va même jusqu’à proposer des ateliers où on enseigne la rénovation domiciliaire!
Pourquoi dois-je venir ici, 30 ans après avoir tellement travaillé pour arrêter la destruction de cette ville? Moi, une femme de 85 ans, je suis là à être à genoux devant vous pour qu’on sauvegarde cette ville et que cette ville devienne formidable.
Le 16 avril 2012, c’est une Phyllis Lambert en colère qui interpelle le conseil municipal de la ville de Montréal.
Elle exprime alors son indignation quant à une éventuelle démolition de l’ancienne écurie Horse Palace dans le quartier Griffintown.
L'animateur Gérald Fillion s'entretient avec Phyllis Lambert au sujet de l'absence de vision dans le développement urbain à Montréal.
Lors d'une entrevue qu’elle accorde subséquemment, le 9 mai 2012, à l’animateur de l’émission RDI économie, Gérald Fillion, Phyllis Lambert déplore l’absence d’une vision qui encadrerait les projets de construction qui se multiplient alors dans la métropole.
L’architecte plaide notamment pour la conservation du patrimoine bâti autour du Monument-National, sur le boulevard Saint-Laurent.
Cet édifice, soutient-elle, possède une valeur historique unique et sa restauration coûterait moins cher que si on construisait du neuf.
Legs unique à Montréal
En 1989 est inauguré ce qui est possiblement le legs le plus imposant de Phyllis Lambert à Montréal.
Reportages du chroniqueur Denis Marchand et de la journaliste Carole Vallières à propos de l'inauguration du Centre canadien d'architecture et de la carrière de Phyllis Lambert. Charles Tisseyre anime le «Montréal ce soir».
Comme le rappelle ce reportage du chroniqueur Denis Marchand, présenté au Montréal ce soir le 2 mai 1989, Phyllis Lambert a sauvé du pic des démolisseurs en 1974 une résidence historique : la maison Shaughnessy.
En 1979, Phyllis Lambert crée le Centre canadien d’architecture (CCA) et transforme la maison Shaughnessy pour l’accueillir.
La restauration de cette maison historique et l’ajout d’un nouvel édifice nécessiteront une décennie pour être complétés.
D’une superficie de 1300 mètres carrés (14 000 pieds carrés), le CCA abrite une importante collection de livres et de divers documents sur l’architecture au Canada et ailleurs.
L’établissement acquiert rapidement une solide réputation internationale.
La visite du CCA avec Denis Marchand est suivie par un reportage de la journaliste Carole Vallières sur la carrière de Phyllis Lambert et sur son implication dans la rénovation d’autres bâtiments historiques de Montréal, par exemple le Collège Mont-Saint-Louis et le monastère du Bon-Pasteur, situés sur la rue Sherbrooke.
L'animateur Gérald Fillion interviewe Phyllis Lambert sur le type de leadership qu'elle a exercé durant sa vie.
Le 26 mai 2018, Phyllis Lambert, toujours active à 91 ans, accorde une longue entrevue au journaliste Gérald Fillion, qui anime alors l’émission Vocation leader, présentée au Réseau de l’information (RDI).
Dans cette entrevue, Phyllis Lambert réitère sa vision idéale de ce que devrait être une ville.
Elle parle de son caractère, des obstacles qu’elle a dû surmonter en tant que femme et du type de leadership qu’elle a tenté d’exercer au CCA.
Dans la dernière partie de l’entrevue, Gérald Fillion cite l’architecte américain Peter Eisenman.
Celui-ci a dit, en parlant de Phyllis Lambert, qu’elle « est la personne de la famille Bronfman qui laissera le plus grand héritage qui n’était pas le sien au départ : une idée culturelle ».
Cet héritage peut être apprécié dans plusieurs quartiers de Montréal.
