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Québec s’entend avec la FSSS-CSN sur la question de l’ancienneté en santé

L'entente de principe ne permettra peut-être pas de résoudre le problème de pénurie de main-d'œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux, selon le gouvernement du Québec et la FSSS-CSN.

Une manifestation devant un hôpital.

Les 120 000 membres de la FSSS-CSN avaient fait 11 jours de grève l'an dernier. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette

La FSSS-CSN a conclu une entente de principe avec Québec pour reconnaître l'ancienneté de milliers de travailleurs d'agences privées, et ce, afin de les inciter à revenir dans le réseau public de la santé.

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a rendu publique mercredi la conclusion de cette entente de principe sectorielle, disant souhaiter qu'elle améliore les conditions de travail de la quasi-totalité de ses membres, soit 120 000.

L'entente couvre la reconnaissance, par le réseau public, de l'ancienneté de personnes qui travaillaient pour le compte d'agences privées de placement depuis mars 2020. Le gouvernement de François Legault, déterminé à ne plus recourir aux services de ces agences, avait adopté un projet de loi en ce sens en avril dernier.

En 2022-2023, il en avait coûté 1,4 milliard de dollars à Québec pour 11 000 employés (dont 3000 infirmières) placés par ces agences privées dans le secteur public de la santé.

Mais comme l'a expliqué Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN, tant sur ICI Première que sur RDI, mercredi, le chemin menant à cette entente a été ardu. La question de la reconnaissance de l'ancienneté des travailleurs en santé au privé, un souhait de Québec, n'a été abordée qu'en décembre dernier à la table de négociation. Et ce, après onze jours de grève observés par les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, les travailleurs en soins à domicile et autres corps de métier représentés par ce syndicat.

C'est qu'avant de parler d'ancienneté, la FSSS-CSN tenait à obtenir de meilleures conditions de travail pour ses membres, dit M. Leclerc, qui ose espérer que ce pari sera le bon.

Ce n'est pas qu'une question d'ancienneté pour les gens qui ont quitté pour les agences. C'étaient les conditions de travail, les horaires, la surcharge de travail et toute la gestion en général, les refus de congés, de fériés. Tout ça.

Une citation de Réjean Leclerc, président de la FSSS-CSN

Le calcul de l'ancienneté de ceux qui sont désireux d'intégrer ou de réintégrer le réseau public pourra remonter jusqu'à mars 2020, pour une durée maximale de cinq ans. Ces travailleurs d'agences disposeront de six mois, à partir de la création de Santé Québec (prévue ce printemps), pour faire valoir leur ancienneté, preuves à l'appui.

L'entente de principe englobe aussi les travailleurs du réseau public qui veulent, par exemple, aller travailler dans une autre région. Dans leur cas, il n'y a pas de limite dans le temps : tous les jours travaillés vont compter à partir de la date d'entrée en service, à condition qu'il n'y ait pas eu d'interruption dans la prestation de travail pendant plus d'un an.

Une très bonne nouvelle pour le réseau

À Québec, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a salué la conclusion de l'entente de principe sur X, mercredi : Elle permettra d’offrir des soins de santé de qualité à la population et d’améliorer les conditions de travail du personnel

Les employés qui verront leur ancienneté reconnue avaient, pour la plupart, quitté le réseau public pendant la pandémie de COVID-19, a pour sa part déclaré le ministre de la Santé Christian Dubé, qui qualifie la conclusion de l'entente de principe de très bonne nouvelle pour le réseau.

Le ministre Dubé dit ignorer, à ce stade-ci, si le gouvernement réussira à atteindre ce qu'il s'était fixé comme cible, c'est-à-dire de ramener 80 % des travailleurs d'agences dans le giron du service public. Mais le principe est excellent, se réjouit-il.

En janvier, Québec avait consenti à sortir le chéquier pour accorder aux membres de la FSSS-CSN des primes de rétention, celles pour les soirs et les week-ends, ainsi que pour les heures supplémentaires. Ainsi, les employés qui travaillent à temps complet en soins critiques, c’est-à-dire les soins aux usagers, aux urgences ou aux soins intensifs, obtiendront une bonification de 15 % de leur salaire.

La FIQ et Québec discutent d'ancienneté

La FSSS-CSN fait partie du Front commun constitué pour cette ronde de négociations avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ). Mais pas la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) qui, samedi dernier, affirmait par communiqué être rebutée par les plus récentes propositions du gouvernement.

Mercredi, la ministre LeBel a confirmé qu'une clause semblable à celle acceptée par la FSSS-CSN, sur l'ancienneté des travailleurs d'agences privées, a été présentée à la FIQ. Mais rien de plus n'a filtré des discussions, Mme LeBel affirmant qu'on ne négocie pas sur la place publique.

La FIQ représente plus de 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.

Des irritants demeurent

L'arrivée dans le réseau public de travailleurs d'agences privées ne permettra pas de résorber le manque de personnel en milieu hospitalier, selon Réjean Leclerc de la FSSS-CSN : La pénurie est telle qu'il va même rester des horaires et des postes de disponibles, tant il y a d'horaires et de postes vacants.

Et aux yeux du syndicat, les irritants qui avaient poussé certains de ces travailleurs à quitter le réseau public demeurent. La charge de travail reste entière, affirme Réjean Leclerc, qui déplore de n'avoir pu discuter de ratios avec le gouvernement, dans le but d'améliorer la situation des préposés aux bénéficiaires, entre autres.

On peut être en négociation de façon perpétuelle, mais à un moment donné, il faut s'entendre, dit M. Leclerc, qui trouve espoir dans le fait que les discussions vont se poursuivre. Cependant, le syndicat aura moins d'impact puisque le contrat de travail sera ratifié.

Résistance face à la réforme de la santé

La FSSS-CSN estime qu'il reste à faire comprendre au gouvernement que la fusion, l'hypercentralisation et la privatisation ne sont pas des avenues pour réparer le réseau de la santé et des services sociaux.

La reconnaissance de l'ancienneté doit être balisée, selon Réjean Leclerc, afin d'éviter d'éventuels déséquilibres. Il cite la perspective que des travailleurs choisissent de quitter Montréal pour aller travailler sur la Rive-Sud, par exemple, où la circulation est moins dense et les coûts d'habitation moins élevés. On va vider Montréal, met-il en garde.

C'est une volonté du gouvernement qu'il y ait plus de mobilité de la main-d'œuvre. Mais nous, ce qu'on veut, c'est l'encadrer pour éviter que ce ne soit un peu le "Far-West", conclut-il.

Avec les informations de Mathieu Gohier et de Davide Gentile

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