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AnalyseRien ne change : misez sur juin pour une baisse de taux

Même si l'inflation a légèrement remonté en mars, les économistes et spécialistes s'attendent à une baisse des taux d'intérêt dans les prochains mois.

Tiff Macklem parle lors d'une conférence de presse.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a annoncé le 10 avril dernier le maintien du taux directeur à 5 %. (Photo d'archives)

Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld

Même si on a l’impression que l’inflation a la tête dure, les plans de la Banque du Canada quant à son taux directeur pourraient rester les mêmes. Une première baisse va survenir bientôt, probablement aux premiers beaux jours de l’été, en juin ou en juillet, croient les spécialistes consultés par Radio-Canada.

En mars, l’inflation au Canada a légèrement remonté à 2,9 %, comparativement à 2,8 % en février. La hausse était attendue par les analystes et la Banque du Canada. Elle est attribuable principalement à l’augmentation du prix de l’essence, des loyers et des frais hypothécaires.

Pendant ce temps, l’inflation aux États-Unis a grimpé de 3,2 % à 3,5 % le mois passé. Est-ce qu’on pourrait voir une hausse similaire au Canada? Une baisse de taux en juin prochain est-elle maintenant hors de question?

Pas si vite, disent les analystes. La situation du Canada est bien différente de celle des États-Unis, même si nos économies sont bien imbriquées.

Quand on soulève le capot des deux voitures et qu’on compare l’automobile canadienne à la voiture américaine, il y en a une qui connaît une plus grande décélération que l’autre, image le sénateur et économiste Clément Gignac, en entrevue à Radio-Canada.

D’un côté, l’inflation excluant l’énergie est à 3,8 % aux États-Unis, tandis qu'elle atteint 2,8 % au Canada. La capacité excédentaire est plus importante ici. L’économie américaine surperforme, alors que ce n’est pas le cas au Canada.

En bref, même si la force de l’économie américaine peut donner une certaine vigueur à celle de sa voisine du nord, il y a peu de chance que la Banque du Canada attende la Réserve fédérale américaine pour baisser ses taux.

L'économiste Clément Gignac en studio.

L'économiste Clément Gignac s'attend à une baisse de taux en juin. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Je ne crois pas qu’une économie américaine en accélération aurait un très gros impact ici. Alors, ceux qui pensent que la Banque du Canada ne bougera pas avant la Fed, je n’y crois pas. [...] On n’est pas une république de bananes, on doit avoir une politique monétaire indépendante, plaide M. Gignac.

Encore plus important, l’inflation fondamentale décélère. Je suis très encouragé par les chiffres de ce matin, poursuit-il.

Juin ou juillet?

Selon Clément Gignac, la Banque du Canada n’attendra pas que l’inflation redescende à 2 % pour amorcer un nouveau cycle, celui des baisses de taux. Même si des éléments plus volatils comme le prix de l’essence continuent de jouer dans la balance (comme au mois de mars), l’institution va baisser ses taux en juin ou en juillet.

Ce n’est pas le prix de l’essence qui va les empêcher de bouger. D’autant plus que toutes les études ont montré que lorsque le prix augmente, ça enlève du pouvoir d’achat, donc ça peut faire baisser les autres composantes, assure M. Gignac.

Ajoutons à cela que la Banque du Canada a été ébranlée par les derniers chiffres d’emploi. Le taux de chômage a grimpé à 6,1 % en mars, ce qui est inattendu.

On ne pensait pas que ça dépasserait 6 %. Si le chômage continue à monter, ce sera de la grosse pression sur la Banque du Canada, croit-il.

C’est ici qu’on a la politique monétaire la plus restrictive des pays du G7. Est-ce que la Banque du Canada veut favoriser un atterrissage en douceur ou est-elle prête à frapper le mur afin d’attendre les Américains ou d’être à 2 %? se demande-t-il.

Sébastien McMahon lors d’une entrevue en vidéoconférence.

Sébastien McMahon croit que l'inflation fait des progrès dans la bonne direction. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Même son de cloche pour Sébastien McMahon, stratège en chef chez IA Groupe financier, qui s’est dit encouragé lors d’une entrevue sur les ondes d'ICI RDI.

Ça continue d’aller dans le bon sens, il y a de bons progrès. On pense que la Banque du Canada va baisser ses taux en juillet, a-t-il souligné.

Une inflation qui va dans le bon sens

Pour Desjardins, il est maintenant clair que les données sur l'inflation vont dans le sens désiré par la Banque du Canada.

La semaine dernière, le patron de la Banque, Tiff Macklem, avait hésité plusieurs secondes avant d’avouer qu’une baisse de taux était possible en juin, au moment de la prochaine décision.

Les données sur l’inflation pour le mois de mars devraient permettre aux décideurs d’être confiants quant à la durabilité des progrès accomplis pour contenir l’augmentation des prix à la consommation, écrit Desjardins dans une note publiée mardi.

Le gouverneur Macklem a affirmé vouloir observer davantage de ce qu’il avait vu en janvier et en février, et les données d’aujourd’hui répondent à ses attentes. Ainsi, nous continuons de prévoir une baisse de taux en juin.

Une citation de Desjardins

La Financière Banque Nationale fait la même analyse.

Le rapport de ce matin est particulièrement encourageant, écrivent les économistes Mathieu Arseneau et Alexandra Ducharme.

Les prix des aliments, qui augmentaient à un rythme effréné il n'y a pas si longtemps, ont à peine augmenté en mars. Pour leur part, les mesures d'inflation de base suggèrent que la désinflation généralisée s'est poursuivie en mars, poursuivent-ils.

Lors des dernières semaines, les économistes de la Banque Nationale ont critiqué le calcul de l’inflation par la Banque du Canada.

Selon eux, l’ancienne mesure utilisée par l’institution, l’IPCX (qui exclut les frais hypothécaires et les éléments les plus volatils), serait plus appropriée dans l’épisode inflationniste actuel.

Selon cette mesure, l’inflation a augmenté de seulement 0,8 % sur trois mois.

Les économistes pressent donc la Banque du Canada d’agir plus tôt que tard, sinon elle risque de causer trop de dommages à l'économie, compte tenu du décalage de six à huit trimestres dans la transmission de la politique monétaire.

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