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AnalyseUn budget fédéral pour les jeunes… mais écouteront-ils?

Chrystia Freeland.

La ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a présenté son quatrième budget.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Même s’il porte le titre Une chance équitable pour chaque génération, le quatrième budget de Chrystia Freeland ne permettra pas aux libéraux de reconquérir le vote des jeunes comme par magie.

L’intention est louable : donner un peu d’espoir aux plus jeunes et leur permettre de rêver d’avoir leur chance à leur tour. La ministre fédérale des Finances a le mérite d’avoir écouté leur voix.

J’ai entendu tellement de gens dire : "J'ai fait tout ce qu’il fallait, j’ai étudié très fort, j’ai décroché un bon emploi, je travaille fort, et malgré tout, les choses n’ont pas l’air de marcher", a-t-elle signalé en présentant son budget, mardi.

La ministre propose donc des mesures ciblées pour répondre à leurs besoins. Elle prévoit ainsi dépenser près de 4 milliards de dollars en cinq ans pour construire plus de logements, avec l’espoir de rendre disponibles 3,87 millions de nouveaux logements d’ici 2031. La ministre augmente également ponctuellement de 1 milliard de dollars le montant consacré aux bourses d’études et met de côté 500 millions pour la santé des jeunes, entre autres.

Des exemplaires du budget 2024 dans les deux langues officielles.

Des exemplaires du budget 2024 présentés aux médias, à Ottawa.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Budget fédéral 2024

Consulter le dossier complet

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, est vue lors d'une conférence de presse, à Ottawa, le mardi 5 décembre 2023.

L’idée d'augmenter la taxe sur le gain en capital cadre dans cette logique. On note dans les documents budgétaires qu’en 2025, seulement 0,01 % des moins de 30 ans réaliseront des gains en capital supérieurs au seuil annuel de 250 000 $ – seuil à partir duquel on augmente les impôts. On joue ainsi au Robin des bois intergénérationnel : on prend aux riches (typiquement plus vieux) pour financer des mesures destinées aux plus jeunes.

La chose à faire

Moralement, la ministre Freeland semble croire qu’aider les millénariaux et la génération Z qui les suit est la bonne chose à faire. C’est plus difficile de t'établir en ce moment si tu es un jeune Canadien. Et ce n’est pas correct. C’est vraiment malsain pour notre pays, a-t-elle noté en point de presse.

Il semble aussi judicieux sur le plan électoral de miser sur les plus jeunes. Pour la première fois au Canada, le nombre de personnes nées entre 1981 et 1996 a dépassé le nombre de baby-boomers.

Or, les jeunes – qui ont permis à Justin Trudeau de prendre le pouvoir en 2015 et de remporter deux mandats minoritaires par la suite – lui tournent désormais le dos.

Selon un sondage Abacus (Nouvelle fenêtre) publié en mars, les jeunes de moins de 30 ans entendent voter pour les conservateurs de Pierre Poilievre en grand nombre, à 34 %. Les libéraux arrivent en troisième place dans les intentions de vote de ce groupe d’âge (21 %), derrière les néo-démocrates (27 %).

Les nouvelles mesures annoncées dans le budget pourront piquer la curiosité des plus jeunes. Mais est-ce que ce sera suffisant pour renverser la vapeur?

La question se pose. D’abord, parce que plusieurs de ces mesures – et particulièrement celles sur le logement – ne porteront pas leurs fruits avant de nombreuses années. Les jeunes risquent même de ne plus être statistiquement des jeunes quand ces logements seront construits!

Une main dépose dans la fente d'une boîte de scrutin un bulletin de vote jaune plié en trois parties.

À l’exception de 2015, le taux de participation des jeunes décroît d’élection en élection.

Photo : CBC / Al MacCormick

Ensuite, parce que l’une des grandes priorités des jeunes progressistes – l’avenir de la planète – occupe une place très marginale dans le budget 2024. Chrystia Freeland n’y consacre pas de chapitre complet et les nouvelles mesures environnementales sont limitées.

On annonce notamment des investissements dans l'énergie nucléaire, une filière controversée; et on offre des crédits d’impôt pour des investissements dans la chaîne d'approvisionnement de véhicules électriques et pour l'électricité propre.

Peut-être que les libéraux se disent qu’ils ont déjà fait beaucoup et que leurs adversaires ne proposent rien de mieux. Les jeunes anxieux devant le sort de la Terre s’attendent toutefois probablement à plus.

Troisièmement, les libéraux ne peuvent écarter une possibilité : les jeunes pourraient bien rester indifférents devant les mesures qui les touchent dans le budget 2024 tout simplement parce qu’ils ne les écoutent plus. Justin Trudeau se bat contre un ennemi peut-être encore plus redoutable que Pierre Poilievre : l’usure du pouvoir. Par ailleurs, en reprenant le thème du logement qui avait d’abord été mis en avant par les conservateurs, les libéraux laissent l’impression d’arriver dans le débat avec du retard et de voguer sur la priorité qui est au goût du jour.

Enfin, même s’ils parviennent à regagner le cœur des Canadiens les plus jeunes, les libéraux devront s’attaquer à un autre défi : celui de les convaincre d’aller voter. Si l'on exclut les élections de 2015, le taux de participation des jeunes a décru de scrutin en scrutin. Seulement 46,7 % des 18-24 ans ont voté aux élections de 2021, alors qu’ils étaient 53,9 % en 2019, selon Élections Canada.

Les jeunes sont peut-être la clé de la réélection des libéraux, mais ils sont encore loin d’être acquis aux troupes de Justin Trudeau.

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