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L’explosion de la demande de granulés de bois nuit aux forêts de la C.-B, selon un rapport

Chauffage aux granules de bois.

Les exportations canadiennes de granulés de bois sont soutenues par la demande japonaise, selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives. (Photo d'archives)

Photo : iStock

Un rapport publié mercredi fait état de l’augmentation de la demande de granulés de bois provenant du Canada et des conséquences qu'elle entraîne sur l'exploitation des forêts primaires de la Colombie-Britannique.

Les granulés de bois sont de petits bâtonnets cylindriques qui sont principalement issus du compactage des résidus de scieries tels les sciures et les copeaux. Ils sont surtout utilisés comme source d'énergie pour le chauffage.

Le rapport du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) avance toutefois que la demande alimente la disparition des forêts primaires de la Colombie-Britannique.

Des exportations soutenues par la demande japonaise

Selon des données de Statistique Canada, les exportations canadiennes de granulés de bois ont doublé entre 2014 et 2023. En Colombie-Britannique, les exportations ont augmenté de 71 % durant la même période.

L’auteur du rapport et analyste de la politique des ressources au CCPA, Ben Parfitt, explique cette augmentation absolument stupéfiante de la quantité de granulés de bois exportés par la demande provenant du Japon à la suite du tsunami dévastateur de 2011.

Ce tsunami a détruit un grand nombre d'infrastructures essentielles, notamment des centrales nucléaires. À la suite de cette catastrophe, le Japon a décidé d'augmenter sa production d'énergie à partir de centrales thermiques, précise-t-il.

C'est ce qui a conduit à la décision d'importer de plus en plus de granulés de bois et de les brûler, au lieu du charbon et du gaz naturel, pour alimenter la nouvelle production d'électricité [au Japon].

Une citation de Ben Parfitt, auteur du rapport

Les exportations de granulés de bois en provenance de la Colombie-Britannique vers le Japon sont passées de moins de 62 000 tonnes par an en 2014 à 1,70 million de tonnes en 2023.

Une offre mise à mal, selon l’auteur

Historiquement, lorsque l'industrie des granulés de bois a démarré en Colombie-Britannique, les entreprises n'utilisaient que les déchets de bois produits par les scieries, souligne l’auteur du rapport.

Le rapport pointe aussi les fermetures d'usines et les feux de forêt pour expliquer la crise de l’approvisionnement.

Ce qui est inquiétant, c'est qu'au fur et à mesure que l'industrie des granulés de bois a commencé à se développer, au lieu d'utiliser les résidus de bois des scieries, elle a commencé à utiliser de plus en plus de billes de bois provenant directement des forêts primaires.

Une citation de Ben Parfitt, auteur du rapport

Les forêts primaires sont des forêts qui n'ont pas été exploitées, en comparaison avec les forêts secondaires, qui ont été récoltées et dans lesquelles des arbres ont été replantés, explique Gregory Paradis, professeur adjoint au Département de ressources et d'aménagement forestier de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC).

Si le rapport du CCPA cite un autre rapport qui indique 21 % du bois entrant dans deux usines britanno-colombiennes de l’entreprise Drax – un important manufacturier de granulés de bois – était sous forme de billes de bois, Gregory Paradis observe que les usines de granulés s'approvisionnent en très, très grande majorité de résidus de scierie.

Une question de valeur ajoutée

L’une des principales conclusions du rapport du CCPA est qu’il faut interdire à l'industrie des granulés de bois de prélever des arbres entiers dans les forêts primaires et de les transformer directement en granulés de bois.

On ne devrait pas faucher d'énormes étendues de forêts primaires avec l'objectif principal d'envoyer ça à une usine de granulés.

Une citation de Gregory Paradis, professeur adjoint à l'UBC

Selon le professeur adjoint, il s’agit aussi d’un calcul économique. Avec un produit à valeur ajoutée comme le sciage et les pâtes et papier, si [ces entreprises] ne sont pas capables de tirer leur épingle du jeu d'un côté financier, je doute fortement qu'une usine de granulés soit capable de le faire, estime-t-il.

Ce que les auteurs du rapport ne semblent pas mettre en évidence, c'est l'aspect économique de l'utilisation de billes entières, a indiqué le ministre des Forêts de la Colombie-Britannique, Bruce Ralston, lorsqu'il a été appelé à commenter le rapport du CCPA.

Les billes entières ont beaucoup plus de valeur [lorsqu’elles sont] transformées en bois d'œuvre vendu aux scieries qu'elles en ont en tant que billes transformées en granulés, a ajouté le ministre.

L’Association canadienne des granulés de bois n’était pas disponible pour commenter le rapport.

Avec des informations de Michelle Morton

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