Démission d’Émilise Lessard-Therrien : une « mauvaise nouvelle » pour QS, admet GND
Gabriel Nadeau-Dubois dit « regretter » la démission de sa co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Dany Pilote
Gabriel Nadeau-Dubois dit « regretter » le départ soudain de l'autre porte-parole de Québec solidaire (QS), Émilise Lessard-Therrien, qui a annoncé lundi matin qu'elle souffrait d'épuisement professionnel.
Je n'ai pas le choix, bien sûr, d'accepter cette décision-là, mais ça me rend franchement triste
, a-t-il déclaré en point de presse, en fin d'avant-midi, aux côtés de sa collègue députée Christine Labrie.
La démission d'Émilise Lessard-Therrien est une mauvaise nouvelle
pour QS, a reconnu M. Nadeau-Dubois. Émilise venait tout juste de recevoir un mandat de la part des membres, a-t-il rappelé, donc on ne fera pas semblant qu'il n'y a rien là.
Il serait toutefois exagéré, selon lui, de parler d'une crise
au sein de sa formation politique, et ce, même si celle-ci semble plafonner dans les intentions de vote, selon les enquêtes de deux firmes de sondage reconnues dont les résultats ont été publiés la semaine dernière.
Christine Labrie, de son côté, s'est dite triste
elle aussi de voir Émilise Lessard-Therrien dans cet état-là
. Je suis déçue [...], parce que j'avais confiance en elle, a déclaré la députée. J'avais espoir envers le message qu'elle portait, et je ne peux pas cacher que j'aurais aimé la voir essayer plus longtemps.
Nos Mordus se prononcent sur le départ d'Émilise Lessard-Therrien.
Émilise Lessard-Therrien a annoncé sa démission sur Facebook, tôt lundi, déplorant que les ressources de QS soient pour beaucoup tournées vers le travail parlementaire du parti et que la vision différente
qu'elle proposait se soit heurtée au blocage organisationnel
d'une petite équipe tissée serrée
autour de M. Nadeau-Dubois.
L'ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, qui habite toujours dans la région, avait été élue porte-parole féminine du parti le 26 novembre dernier pour succéder à Manon Massé, qui avait décidé de passer le flambeau après avoir occupé cette fonction pendant sept ans.
Elle avait gagné la course au co-porte-parolat de QS avec seulement trois voix d'avance sur Ruba Ghazal. La députée de Sherbrooke, Christine Labrie, avait terminé en troisième et dernière place.
Le défi, depuis, constituait à faire une place à une porte-parole non élue à l'Assemblée nationale. Mais force est de constater que ce défi-là, on n'a pas réussi à le relever, collectivement
, a reconnu Gabriel Nadeau-Dubois, lundi, ajoutant qu'il [prenait sa part] de responsabilité dans cet échec
.
J'aurais souhaité que ça fonctionne. J'y ai travaillé avec tout mon cœur, avec toute ma sincérité. Et je regrette que ça se termine de cette façon-là.
QS a fait savoir lundi qu'il était encore trop tôt pour se prononcer sur les mécanismes qui permettront de remplacer Mme Lessard-Therrien. Par respect pour Émilise, les informations à propos du processus d’élection d’une nouvelle porte-parole féminine seront communiquées ultérieurement
, a-t-il souligné sur le réseau X.
Mme Lessard-Therrien avait annoncé fin mars qu'elle souhaitait prendre une pause en raison d'« un petit souci de santé ». Elle a confirmé dans sa publication de lundi souffrir d'épuisement professionnel.
Selon nos sources, QS était prêt à lui accorder un budget annuel de déplacement de 30 000 $ pour lui permettre de faire le voyage entre chez elle, au Témiscamingue, l'Assemblée nationale, à Québec, et la permanence du parti, à Montréal.
La formation était prête aussi à jouer dans les colonnes de chiffres
pour lui donner une ressource supplémentaire
.
Ces efforts, cela dit, n'ont visiblement pas suffi à retenir Mme Lessard-Therrien, qui est par ailleurs mère de deux enfants.
À l'aube de la rentrée parlementaire, la nouvelle co-porte-parole de QS promettait de passer beaucoup de temps sur le terrain pour défendre les intérêts des régions. Je ne pourrai pas y arriver toute seule
, avait-elle prévenu, cependant.
Nadeau-Dubois prend trop de place, selon un ancien président de QS
Appelé à réagir à la démission d'Émilise Lessard-Therrien, qu'il avait appuyée pour succéder à Manon Massé, le militant André Frappier, qui a déjà occupé les fonctions de co-porte-parole par intérim et de président de QS, a estimé lundi que Gabriel Nadeau-Dubois, de toute évidence
, prenait effectivement trop de place dans le parti.
Les employés de la permanence, selon lui, auront toujours tendance à être davantage dédiés envers la personne qui est là depuis plus longtemps
. C'est un naturel humain, mais qu'il faut défaire quand on est un parti politique qui veut changer les choses. Il faut penser à ça, et ne pas permettre que ça se produise.
M. Frappier affirme par ailleurs ne pas croire
Gabriel Nadeau-Dubois lorsque celui-ci affirme prendre sa part de responsabilité
dans le départ d'Émilise Lessard-Therrien.
Il lui reproche notamment d'avoir exigé de la porte-parole féminine de QS qu'elle rentre dans le rang
au sujet des réseaux sociaux de Meta (Facebook, Instagram...), qu'elle aurait voulu boycotter, à l'instar des trois autres formations politiques représentées à l'Assemblée nationale.
Émilise, elle n'a pas quitté [son poste] comme ça, parce que ça ne lui tentait plus. Elle l'a quitté parce qu'elle ne trouvait plus sa place [dans le parti].
Ce n'est pas la première fois que le leadership de Gabriel Nadeau-Dubois est contesté. Une autre ancienne députée, Catherine Dorion, a fait paraître un livre, en novembre dernier, dans lequel elle décrit longuement l'influence, selon elle néfaste, du porte-parole masculin de QS.
Selon M. Frappier, la démission d'Émilise Lessard-Therrien, moins de six mois après cet épisode, devrait être interprétée comme un signal d'alarme
que le parti devrait prendre très sérieusement
.
Avec les informations de Sébastien Desrosiers
