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Une mère et son fils handicapé parcourent le monde pour parler de tolérance

Dounia Daoud pousse Amir qui est dans une chaise roulante à l'extérieur de sa garderie.

Dounia Daoud doit souvent porter Amir à la maison et en voyage. Son dos en souffre mais elle tient à poursuivre leur tour du monde.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Dounia Daoud et son fils, lourdement handicapé, ont quitté Moncton au Nouveau-Brunswick à la fin avril pour reprendre leur tour du monde, qu'ils réalisent à raison de quelques mois par année. Dans les pays qu'ils visitent, la mère et le fils font changer le regard sur le handicap, une école à la fois.

À 7 ans, Amir a un retard de développement sévère. Il souffre d'une déficience visuelle et intellectuelle, le résultat d'une rare mutation génétique. Il ne parle pas. Il réussit à marcher lorsqu'on le tient par les bras.

Dounia, qui rêvait de fonder une famille et voyager, s'est écroulée lorsqu'elle a compris l'ampleur du handicap d'Amir, qu'elle élève seule. Elle a décidé de partir à l'aventure malgré tout.

Dounia Daoud pousse Amir qui est dans une chaise roulante à l'extérieur de sa garderie.

Dounia Daoud doit souvent porter Amir à la maison et en voyage. Son dos en souffre mais elle tient à poursuivre leur tour du monde.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

J'ai pas le choix. Ben moi, je me suis toujours dit, "marche ou crève". Qu'est-ce que je vais faire sinon? Je vais me cacher?

Une citation de Dounia Daoud, mère d'Amir

Elle a mis sur pied le projet Amir, le petit prince voyageur, un voyage au tour du monde sur cinq ans à raison de plusieurs mois par an. Elle finance ce projet surtout avec ses économies, mais aussi avec l'aide de commanditaires et de campagnes de financement en ligne.

Mais sa démarche ne s'arrête pas au voyage. Dounia Daoud et Amir s'invitent dans des salles de classe dans les pays qu'ils visitent pour sensibiliser les élèves aux personnes en situation de handicap, comme Amir.

C'est la solution qu'a trouvée Dounia pour redonner un sens à sa vie de maman.

Faut se recréer un but, un sens à être parent. D'un point de vue très personnel, je suis excitée d'avoir trouvé quelque chose qui peut faire en sorte que c'est le fun d'être avec Amir. Et c'est pas juste de le porter du canapé à son lit, de son lit à la table à langer.

Une citation de Dounia Daoud, mère d'Amir
Dounia Daoud et Amir sont couchés.  Dounia a des écouteurs sur les oreilles.

Dounia Daoud et son fils de 7 ans, Amir, font le tour du monde à raison de quelques mois par année.

Photo : Facebook / Amir, le petit prince voyageur

Tomber sous le charme d'Amir

Au printemps 2023, la mère et le fils ont plié bagages pour l'Amérique du Sud, première étape de leur périple. Ils sont partis pendant trois mois, d'abord en Colombie où Dounia a convaincu des écoles de leur ouvrir les portes.

L'accueil y était parfois tiède puisque le projet surprend : Dounia et Amir ne représentent aucune association de personnes handicapées.

Une cinquantaine d'élèves entourent Amir.  Certains sont assis devant lui.  La plupart des élèves se tiennent debout.

Des élèves colombiens avec Amir à la suite d'une présentation dans une école.

Photo : Facebook / Amir, le petit prince voyageur

Après les regards interrogateurs, les élèves tombent sous le charme d'Amir, raconte Dounia. Elle invite les enfants à jouer avec lui, à le nourrir, à le toucher.

Je sentais que ça avait vraiment une utilité. C'était impressionnant de voir la façon dont les enfants réagissaient au début d'une intervention puis après 45 minutes avec mon fils, se rappelle-telle. Ça faisait chaud au cœur. Au début, ils passaient à deux, trois, quatre mètres de lui pour l'éviter comme si il était contagieux, puis ils voulaient jouer avec lui et pousser sa chaise roulante. Cette transition, ce changement de mentalité, c'est difficile à expliquer à quel point ça fait du bien.

Dounia et Amir ont rencontré des élèves dans une douzaine de classes de la Colombie. Puis au Chili, ils ont visité un orphelinat pour adultes en situation de handicap.

Le message est écrit en espagnol sur un papier.

Amir a reçu plusieurs messages chaleureux d'élèves colombiens. Sur celui-ci, on peut lire: "Enchantée d'avoir fait ta connaissance Amir. Porte-toi bien."

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Des enfants qui se sont habitués à sa différence

Avant de repartir en voyage, ce printemps, Dounia rencontre les camarades de classe de deuxième année d'Amir à l'école St-Henri de Moncton pour leur parler de la Tunisie et de la France, leurs prochaines destinations pendant deux mois.

Les élèves sont assis sur le plancher entre les pupitres et le tableau. Dounia Daoud donne des explications en utilisant un écran géant installé devant le tableau.

Dounia Daoud explique aux camarades de classe d'Amir leur prochain voyage en Tunisie et en France.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Amir va manquer à ses camarades de classe qui sont habitués à lui lire des histoires, à jouer avec lui ou encore à le rassurer en lui caressant le dos.

Abdou est assis près d'Amir sur des fauteuils dans la classe.  Il tient un livre dans ses mains.

Abdou, un camarade de classe, lit une histoire à Amir.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

On aime tous Amir parce qu'on s'est beaucoup habitués. Il est gentil. Il aime jouer. Il est toujours joyeux.

Une citation de Keltoum Haddad, camarade de classe d'Amir
Keltoum Haddad sourit.  Derrière elle, il y a des élèves assis à leur pupitre.

Keltoum Haddad dit qu'Amir va beaucoup manquer à ses camarades de classe de 2e année.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Sensibiliser à la différence

Les élèves vont suivre les péripéties d'Amir à distance. Leur enseignante, Tanya LeBreton Dubé, croit à l'importance de sensibiliser les gens à la tolérance envers les personnes en situation de handicap.

De le promouvoir dans d'autres endroits où ils sont moins familiers avec ça, je trouve qu'elle fait du beau travail là-dessus. Elle devrait continuer parce que nous, on voit la différence en classe ici.

Une citation de Tanya LeBreton Dubé, enseignante de deuxième année à l'école St-Henri
Tanya LeBreton Dubé sourit. Elle est debout devant les murs tapissés de mots, de lettres et d'un calendrier dans sa classe.

L'enseignante Tanya LeBreton Dubé estime que la présence d'Amir dans sa classe de 2e année de l'école Saint-Henri de Moncton est très positive pour le développement de la tolérance des élèves envers les personnes en situation de handicap.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Dounia fait aussi des présentations dans des écoles du Nouveau-Brunswick et du Québec avec Amir où elle observe, ici aussi, le regard des enfants qui change et s'adoucit.

On peut embrasser tout son handicap pour en faire quelque chose de positif. C'est pas juste quelque chose qu'on subit. Ça, ça m'a allumée. Ça m'a apaisée.

Une citation de Dounia Daoud, mère d'Amir
Un garçon se penche vers Amir qui est assis près de sa maman Dounia.

Un élève de l'école Claudette-Bradshaw de Moncton passe un moment avec Amir.

Photo : Facebook / Amir, le petit prince voyageur

Dounia souhaite voyager le plus longtemps possible avec son fils vers d'autres pays et d'autres écoles.

Elle veut qu'Amir, malgré son lourd handicap, accomplisse lui aussi de grandes choses dans la vie en sensibilisant les gens à la tolérance envers autrui.

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