« Cas d’espèce » : sept ans de prison réclamés contre un chauffard
Pierre Hoffman au palais de justice de Québec, en décembre 2023.
Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron
Non, Jeffrey Langlois n'est pas mort après avoir été impliqué dans une collision avec le véhicule d'un conducteur en état d'ébriété, mais c'est tout comme, estime la poursuite qui qualifie ce dossier de « cas d'espèce ».
La procureure du DPCP, Me Anne-Frédérique Coulombe, réclame sept ans de prison contre Pierre Hoffman, un résident de Lévis déclaré coupable de conduite avec les facultés affaiblies, causant des lésions à trois personnes.
Le véhicule Acura de Jeffrey Langlois à la suite de la collision.
Photo : Radio-Canada
Prisonnier de son corps
Tous ont subi des blessures graves, celles de Jeffrey Langlois étant les plus sévères. Âgé de 26 ans au moment de l'événement survenu sur la route Monseigneur-Bourget en 2019, il a terminé sa vie dans un CHSLD, à l'âge de 29 ans.
Le jeune homme était alors dans un état de dépendance complète, ses blessures le laissant paralysé et dans un état végétatif. Il était prisonnier de son corps
, a illustré Me Coulombe, lors des observations sur la peine au palais de justice de Québec, mardi.
Céline Pelletier et Martin Langlois, les parents de Jeffrey Langlois.
Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron
Céline Pelletier a témoigné avec émotion des dernières années de la vie de son fils, vécues dans la souffrance. Après avoir épuisé tous les espoirs, elle et son conjoint ont dû se résoudre. Ils ont alors pris la difficile décision de ne plus lui donner les soins qui le maintenaient en vie. Jeffrey est mort quelques jours plus tard.
Ses souffrances sont finies, les nôtres non.
Pierre Hoffman, 52 ans, a été déclaré coupable d'avoir causé des lésions au jeune homme, pas sa mort. On est beaucoup plus proche d'une conduite causant la mort
, a quand même plaidé la procureure du DPCP.
Me Coulombe n'a pas trouvé de décision dans la jurisprudence où les lésions subies par une victime sont aussi graves.
Me Anne-Frédérique Coulombe, procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
Photo : Radio-Canada / Yannick Bergeron
Elle demande donc au juge Pierre L. Rousseau d'imposer à Hoffman une peine qui s'apparente à celle donnée lors d'une conduite avec les facultés affaiblies causant la mort.
Récidiviste
Pierre Hoffman est un récidiviste. Il avait déjà été condamné pour avoir conduit sous l'effet de l'alcool en 1999.
Son avocat, Me Félix-Antoine Turmel-Doyon, estime pour sa part que quatre années de prison seraient une peine raisonnable.
Selon la preuve présentée lors du procès, Pierre Hoffman affichait un taux d'alcoolémie entre 0,111 et 0,127 au moment de la collision, la limite étant de 0,08.
Le juge Rousseau a mis la cause en délibéré et prononcera la sentence de Hoffman au mois d'octobre.
