La Marmota a « un impact néfaste » sur le milieu naturel, dit un rapport
Les installations du club de vélo de montagne La Marmota sont démantelés sur ordre de la Ville de Québec.
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Les installations improvisées de vélo de montagne aménagées dans un secteur boisé du quartier Cap-Rouge, à Québec, menacent l’intégrité naturelle du site, conclut l’Organisme des bassins versants (OBV) de la Capitale. C’est celui-ci qui a recommandé à la Ville de procéder au démantèlement des sentiers de La Marmota, actuellement en cours.
Le coût des travaux est évalué à 100 000 $, ils s’échelonneront jusqu’à la fin du mois de mai. Ce montant n’inclut pas les aménagements qui seront faits par la suite pour que les marcheurs et les skieurs puissent de nouveau fréquenter le terrain.
Le vélo de montagne est désormais interdit au marais Isabelle, auparavant appelé La Marmota.
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Des agents de sécurité sont présents sur les lieux pour s’assurer que les travailleurs ne soient pas dérangés et qu’il n’y ait plus de vandalisme ni de cyclistes.
L’administration Marchand a rendu public mardi un rapport de suivi sur le marais Isabelle, un terrain que la Ville de Québec s’est engagée à conserver en 2017 pour compenser le remblayage d’un milieu humide.
Rédigé en novembre 2023, le document souligne la présence, sur le site, de nombreux sentiers et d'autres aménagements liés à la pratique du vélo de montagne tels que des rampes de saut, des empilements de sacs de sable ou de terre, des ponts en bois et des abris de fortune.
Les sentiers de La Marmota comptent plusieurs rampes de saut en bois. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Philippe L'heureux
Ces modifications apportées au terrain du milieu ont un impact néfaste
sur sa biodiversité, mentionne l’OBV de la Capitale, qui note également la présence de déchets et d’un rond de feu.
Sol et végétation perturbés
L’ampleur des aménagements a modifié le substrat du sol, passant d’une zone végétalisée à une zone partiellement végétalisée avec des sols à nu, [le tout attribuable] à la présence des sentiers et des structures. Une partie de la végétation présente sur le site a donc été détruite
, peut-on lire dans son rapport.
[Les] installations de vélo de montagne [...] ont un impact important sur l’intégrité du milieu naturel (boisés, milieux humides et milieux hydriques, biodiversité), sans compter que l’état du milieu mis en compensation en 2017 n’est plus le même.
Lors des quatre visites effectuées par l’équipe terrain de l’organisme de surveillance entre le 14 juin et le 8 août 2023, des modifications au lit d’écoulement naturel des cours d’eau ont été constatées.
Le rapport relève de nombreuses perturbations du sol.
Photo : Crédit : Organisme des bassins versants de la Capitale
Le rapport fait état de canaux de drainage, de détournement de cours d’eau, de bassins et d’un système d’évacuation.
Ces modifications peuvent créer une instabilité du cours d’eau, favorisant l’érosion et la formation de méandres, et peuvent augmenter les risques d’inondation
, est-il écrit.
Risque d'assèchement
Le document met en garde contre la possibilité que les détournements du lit des cours d’eau ne permettent plus d’alimenter suffisamment le milieu humide, ce qui causerait son assèchement.
Il en résulterait par conséquent la perte de cet habitat naturel protégé.
Les détournements de cours d’eau comme celui-ci pourraient éventuellement provoquer l’assèchement du milieu humide.
Photo : Crédit : Organisme des bassins versants de la Capitale
Pour procéder à l’amélioration de la qualité du site et à sa réhabilitation, l’OBV de la Capitale émet diverses recommandations, dont le démantèlement des aménagements et des sentiers de vélo de montagne ainsi que du réseau de drainage.
L’organisme de surveillance suggère également de végétaliser les zones perturbées par les installations de vélo de montagne et de procéder à un décompactage du sol qu’elles ont perturbé.
Malgré les nombreux appels à sauvegarder La Marmota, la Ville de Québec répète depuis plusieurs semaines que ses obligations en matière de conservation du site ne sont pas compatibles avec la pratique du vélo de montagne.
Marchand commente
Dans une lettre envoyée mardi à un cycliste opposé au démantèlement de La Marmota et dont Radio-Canada a obtenu copie, le maire de Québec, Bruno Marchand, s’appuie sur le rapport de l’OBV de la Capitale pour justifier la décision de son administration.
Lors de ses visites sur le site, l’équipe terrain a constaté la présence de déchets et d’un rond de feu.
Photo : Crédit : Organisme des bassins versants de la Capitale
Les conclusions [...] sont très claires : l’aménagement des pistes de vélo de montagne a un impact important sur l'intégrité du milieu naturel [...] et risque de compromettre sa conservation
, écrit le maire, qui évoque également des problèmes de sécurité
.
Il réitère sa volonté de poursuivre et d’accélérer le développement de sentiers de vélo de montagne, mais il prévient que cela ne pourra pas se faire sur des terrains pour lesquels la Ville a pris des engagements de conservation
.
Avec des informations d’Érik Chouinard
