AnalyseCinq scénarios pour le Canadien au cinquième rang du repêchage
Le centre Cayden Lindstrom est perçu comme l'un des meilleurs joueurs disponibles au prochain repêchage.
Photo : Gracieuseté : Tigers de Medicine Hat
Kent Hughes était préparé depuis la fin de la saison à ce que le Canadien repêche cinquième, c’est-à-dire en fonction du rang où l’équipe avait terminé au classement, ou encore sixième, là où les probabilités de la loterie lui donnaient le plus de chances d’atterrir.
Personne, donc, ne se plaindra que le CH ait hérité du cinquième rang lors du tirage au sort mardi.
Il ne s’agit cependant pas d’un rang facile à occuper pour le Tricolore, qui commence à en avoir l'habitude. L'an dernier, perché au même échelon, il avait été aux prises avec des décisions difficiles avant de sélectionner David Reinbacher.
Les explications de Marc Antoine Godin
Certes, l'équipe est assurée de repêcher l’un des meilleurs attaquants disponibles à la fin juin. Si celui qu’elle a ciblé est encore au cinquième échelon, merci bonsoir, c’est réglé. Le hic, c’est que ce repêchage regorge surtout de bons jeunes défenseurs et qu’il est toujours risqué de repêcher en fonction de ses besoins.
On croit qu’on a de la profondeur en défense, spécifiquement chez les défenseurs gauchers. Alors si l’on pouvait aller chercher un autre joueur d’avant qu’on croit capable de devenir un joueur de premier plan, un attaquant top 6, c’est sûr que c’est quelque chose qui nous intéresse.
Mais ça reste que ça peut être un défenseur droitier qui est disponible, si vraiment on est pris et qu’on croit que c’est le meilleur joueur disponible rendu à notre choix
, a ajouté Hughes lors d’une visioconférence qui a suivi le tirage au sort.
La dernière chose que veut une équipe en arrivant au repêchage, surtout si elle détient un aussi bon rang de sélection, c’est d’être mal pris. Elle veut pouvoir manœuvrer à son aise.
Que se passera-t-il si, selon la franche évaluation des recruteurs de l’organisation, ce sont des défenseurs qui représentent les meilleurs espoirs disponibles? Les organisations consacrent tellement d’énergie à bien évaluer les espoirs et à concevoir leur liste de repêchage, on imagine mal le Canadien réorganiser la sienne de manière à prioriser les attaquants.
Si nos dépisteurs croient vraiment que ce sont des défenseurs qui sont les meilleurs joueurs disponibles, il faudra évaluer quelle est la séparation entre l’espoir numéro 5 et l’espoir numéro 6, a répondu Hughes. C’est sûr qu’on va planifier en fonction de cela, mais je ne peux pas encore dire comment on va le faire.
Le DG a indiqué qu’il était fort probable
qu’il sélectionne un joueur avec ce cinquième choix. Il y a quelques jours, il avait confié au réseau TSN, à l’occasion du Championnat du monde des moins de 18 ans, qu’il considérait la possibilité d’effectuer un échange si les meilleurs joueurs disponibles devaient être des défenseurs gauchers.
Les formations qui reluquent les Anton Silayev, Sam Dickinson ou Zeev Buium n’ont donc pas à s’inquiéter outre mesure que le CH ne leur tire le tapis sous les pieds.
Zeev Buium est aussi l'un des meilleurs espoirs disponibles au prochain repêchage. Il a aidé les États-Unis à remporter l'or au dernier mondial junior.
Photo : AP / Adam Ihse
Le Bleu-blanc-rouge a raison de croire qu'il y a un excellent espoir à sa portée au cinquième rang. Mais le chemin pour en arriver à sa décision risque d'être intéressant. Regardons différents scénarios qui seront sûrement sur la table au cinquième rang.
Repêcher Cayden Lindstrom
Si le grand centre des Tigers de Medicine Hat est disponible au cinquième rang, personne ne serait surpris de le voir enfiler le chandail tricolore. Il ne fait aucun doute que Lindstrom coche plusieurs cases susceptibles de titiller l’intérêt des dirigeants de l'équipe.
Il possède un très bon coup de patin pour son imposante charpente de 1,9 m (6 pi 3 po) et 95 kg (210 lb), il a montré un bon instinct de marqueur, travaille bien en espaces restreints et a la ténacité pour attaquer le centre de l’enclave. Pour une équipe qui cherche autant à améliorer son bassin de talent qu’à ajouter de la robustesse, Lindstrom constituerait un choix logique.
Lindstrom, qui avait été un choix de troisième tour au repêchage de la Ligue de l’Ouest, est aussi un espoir dont la cote a monté en flèche en première moitié de saison. Plusieurs ne le voyaient pas comme un choix de premier tour avant cette année, et le vénérable Bob McKenzie ne l’avait pas dans son top 16 de début de saison.
Sa sortie des blocs de départ a impressionné, mais une fracture à une main et des rumeurs de maux de dos l’ont limité à 32 rencontres de saison au cours desquelles il a inscrit 27 buts et 19 mentions d’aide. À peine revenu pour les séries éliminatoires, Lindstrom a choisi de faire l’impasse sur le Championnat du monde des moins de 18 ans.
Non seulement le CH devra-t-il faire la lumière sur son état de santé avant de le repêcher, mais doit surtout être certain que son décollage en première moitié de saison n’est pas un mirage, et que cet échantillon correspond bel et bien à sa trajectoire et à son potentiel véritable.
S’avancer vers Ivan Demidov
Il est hors de question que les Sharks de San José, qui se sont sabordés dans l’espoir de repêcher Macklin Celebrini, renonceront au premier choix universel. Y a-t-il une mince chance que le Canadien puisse soutirer aux Blackhawks de Chicago le deuxième choix au total de manière à s’assurer les services du Russe Ivan Demidov?
L’an dernier, Hughes avait tenté de conclure des marchés pour obtenir le deuxième choix des Ducks d’Anaheim ou le quatrième des Sharks, mais sans succès.
Il faudrait probablement plus que le cinquième choix du Canadien et le choix de premier tour dont il a hérité des Jets de Winnipeg – qui se situera quelque part entre les 24e et 27e rangs – pour convaincre les Hawks, qui doivent déjà saliver en imaginant Demidov et Connor Bedard dans le même trio.
Cela dit, il n'est pas complètement exclu que Demidov glisse jusqu'au cinquième échelon, ce qui serait sans contredit un don du ciel pour l'équipe montréalaise.
Le fils de Jarome Iginla, Tij, a vu sa cote monter tout au long de la saison.
Photo : The Canadian Press / Darren Calabrese
Oser Tij Iginla
Supposons que Demidov et Lindstrom ont déjà été choisis et que le CH persiste dans sa volonté de réclamer un attaquant. Étirera-t-il le cou afin de repêcher Tij Iginla?
Le fils de Jarome a connu une très belle saison à Kelowna, mais ce n’est pas tout le monde qui le voit comme un espoir digne du top 5.
L’attaquant de 1,82 m (6 pi) et 82 kg (180 lb), dont l’avenir dans la LNH est probablement à l’aile, est l’un des plus jeunes joueurs de ce repêchage. Et même s’il n’a pas toute la puissance du paternel, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre.
Il est d’abord un marqueur, comme en font foi ses 47 buts en 64 matchs. Mais c’est aussi un attaquant pugnace qui gagne le centre de l’enclave, qui veut la rondelle sur son bâton, qui profite de la force de son bas du corps pour ressortir des coins de patinoire avec le disque, et qui est efficace en échec avant.
Iginla vient de s’illustrer au mondial des moins de 18 ans, où il a commencé lentement avant de devenir de plus en plus dangereux à mesure que le tournoi avançait. Il avait le couteau entre les dents et trouvait une façon de se rendre utile même lorsqu’il ne faisait pas bouger les cordages. Il a été nommé le joueur du match en demi-finale contre la Suède, puis il a réussi le but de la victoire et a amassé deux mentions d’aide dans le match de la médaille d’or face aux États-Unis.
Une question qui risque de revenir dans les discussions chez les recruteurs du Canadien : quelles sont les chances qu’Iginla soit encore disponible au 9e ou 10e rang? Pourrait-on prendre le risque de reculer de quelques rangs?
Reculer de quelques rangs
L’adage dans le recrutement veut que lorsqu’on aime un joueur, on le repêche. Il y a toujours un risque, en voulant reculer de quelques échelons, de perdre l’espoir qui était ciblé au départ.
Dans un repêchage aussi riche en défenseurs, il y a quand même matière à se demander si Iginla, ou encore un Berkly Catton, un Beckett Sennecke, un Cole Eiserman, un Konsta Helenius ou un autre attaquant susceptible d’intéresser le Tricolore mériterait que l'on monnaye le cinquième choix afin de repêcher un peu plus tard.
Konsta Helenius, pressenti pour être dans le top 10, a joué dans la ligue professionnelle finlandaise l'année dernière avec Jukurit Mikkeli.
Photo : AP / Bjorn Larsson Rosvall
Ce qui rend à nos yeux ce scénario peu probable, c’est ce que ce type d'échange, déjà peu fréquent lorsqu’on est aussi haut dans le tableau, comprend souvent des choix additionnels comme compensation. Or, le Bleu-blanc-rouge ne cherche pas à accumuler plus de choix. Pour qu’un recul de quelques rangs vaille la peine, il faudrait qu'il hérite d’un joueur actif susceptible de vraiment l’aider.
Opter pour un défenseur droitier
On l’a senti chez Hughes, ce serait un peu à contrecœur qu'il se tournerait vers un défenseur droitier avec le cinquième choix. Mais dans un scénario hypothétique où l’équipe voyait une réelle démarcation entre Demidov, Lindstrom et les autres espoirs en attaque, que ces deux-là n’étaient plus disponibles au cinquième échelon et qu’aucun autre attaquant n’était digne à ses yeux du cinquième choix, peut-être lui faudrait-il se rabattre sur un défenseur droitier.
Le Bélarusse Artyom Levshunov, qui était cette année le joueur le plus jeune de la NCAA avec Michigan State, est doté d’un bon gabarit et n’hésite pas à s’impliquer dans l’attaque. Dans la longue liste de bons défenseurs de ce repêchage, il a constamment été perçu vers le sommet de celle-ci.
L’explosif Zayne Parekh est probablement le défenseur à caractère offensif le plus pétillant de ce repêchage, et il est également droitier. À 17 ans, il a aisément terminé en tête des marqueurs du Spirit de Saginaw, l’équipe hôtesse de la Coupe Memorial.
