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ChroniqueFinissons-en avec la médiocre loterie de la LNH

Un homme pose à côté d'un boulier. On peut lire à l'arrière-plan : NHL draft24 lottery.

Gary Bettman (à droite) lors de la loterie du repêchage de la LNH.

Photo : Gracieuseté : NLH.com

Le directeur général des Sharks de San José, Mike Grier, avait une belle tête de vainqueur mardi soir à l’issue de la loterie organisée par la LNH.

Depuis son arrivée aux commandes des Sharks en juillet 2022, Grier a réussi l’une des plus virulentes opérations de démolition de l’ère du plafond salarial.

Une véritable stratégie de terre brûlée.

Trois fois de suite, les Sharks avaient raté les séries par des kilomètres avant l’entrée en scène de Grier. Depuis que le nouveau patron est en poste, ils se sont toutefois surpassés. Ils les ont ratées par un fuseau horaire.

Au cours des saisons 2022-2023 et 2023-2024 combinées, les Sharks ont remporté 41 matchs. Sauf de très rares exceptions, 41 victoires au cours d’une seule campagne ne sont même pas suffisantes pour décrocher une place au tournoi printanier.

Résultat? Pour avoir volontairement assemblé la plus mauvaise équipe possible et pour avoir offert du hockey abject aux clients et aux diffuseurs de la ligue à la grandeur du continent, Grier a été récompensé en obtenant le meilleur talent disponible au repêchage, le centre Macklin Celebrini de l’Université de Boston.

Ce n’est pas tout. Durant cette fabuleuse soirée de mardi, la médiocrité planifiée des Blackhawks de Chicago a une fois de plus été célébrée par l’octroi de la deuxième sélection au repêchage.

Après avoir démoli leur formation comme si leur vie en dépendait, les dirigeants des Blackhawks avaient déjà obtenu le privilège de sélectionner Connor Bedard au premier rang au repêchage de 2023.

La loterie est censée avoir été inventée pour décourager les dirigeants d’équipes de saborder leur formation pour mettre la main sur les meilleurs talents disponibles au repêchage. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Clairement, les Blackhawks sont parfaitement à l’aise avec ce concept. Comme Mike Grier et, disons-le, comme Kent Hughes et Jeff Gorton, ils ont plutôt l’air très enthousiastes!

***

En fait, au prochain repêchage, les six premières sélections seront détenues par des organisations qui n’ont pas été effrayées une seconde par la loterie et qui persistent : les Sharks, les Blackhawks, les Ducks d’Anaheim, les Blue Jackets de Columbus, le Canadien de Montréal et les anciens Coyotes de l’Arizona, maintenant déménagés dans l’Utah.

Les directeurs généraux de ces clubs ont consciemment choisi de fausser les règles de la compétition et de couler au classement.

Au nom de l’intégrité du sport, la LNH est prête à bannir à vie un athlète qui s’aventurerait à parier sur un match de hockey et qui serait susceptible d’en fausser le résultat. Mais quand un directeur général et son entraîneur trafiquent des saisons complètes, il n’y a aucun problème! C’est même fortement encouragé.

D’ailleurs, si vous n’avez pas remarqué que le CH retenait constamment ses chevaux la saison dernière pour s’assurer que la cadence prévue soit bien respectée, vous êtes en plein le genre de client que la LNH apprécie.

Année après année, la LNH, un circuit qui se prétend sérieux, voit donc de 20 % à 25 % de ses équipes livrer la moins bonne compétition possible. Les dirigeants de ces clubs espèrent ainsi accumuler suffisamment de talents pour éventuellement bâtir une équipe championne. Il y a toutefois très peu d’élus parmi ceux qui s’aventurent dans cette voie.

Reparlons-nous dans 10 ans, même heure même poste, pour faire le décompte de toutes ces coupes que les Sharks, les Blackhawks, les Ducks, les Blue Jackets, le Tricolore et les anciens Coyotes auront remportées.

***

Le fondement même du sport repose sur la notion voulant que les participants doivent déployer les meilleurs efforts possibles durant une compétition. Sachant cela, comment a-t-on pu en arriver à téléviser des tirages rendant gloire à des dirigeants qui massacrent eux-mêmes leur équipe?

Le problème serait pourtant tellement facile à régler. Il suffirait d’abolir la loterie et toute règle récompensant au repêchage les équipes qui terminent aux derniers échelons du classement. Avec les collègues de Tellement hockey, nous en discutions justement il y a quelques semaines.

Il y a une dizaine d’années, le directeur général des Celtics de Boston, Mike Zarren, avait simplement proposé qu’on adopte une séquence de 30 ans pour déterminer l’ordre de sélection des repêchages amateurs.

Ce concept, appelé la roue, éliminait automatiquement tout incitatif à couler au classement. Il forçait donc les équipes de direction à assembler les meilleures équipes possibles.

La roue permettait aussi aux équipes de direction de toutes les organisations de bénéficier à intervalles réguliers d’excellentes sélections au repêchage et de prévoir à plus long terme le développement de leur formation. La roue permettait par ailleurs de mesurer avec précision la valeur d’un choix de repêchage. À titre d’exemple, si les Celtics avaient négocié avec les 76ers de Philadelphie en 2016 pour obtenir un choix de premier tour en 2018, les 76ers auraient immédiatement su qu’ils cédaient la sixième sélection et les Celtics auraient dû offrir une juste contrepartie pour l’obtenir.

La NBA a sérieusement étudié le concept de la roue. Il n’a toutefois pas été retenu, notamment parce que les meilleurs espoirs du basketball ont le loisir de déterminer eux-mêmes leur année d’admissibilité au repêchage. On craignait donc que, connaissant la séquence de la roue, des joueurs puissent retarder ou devancer leur année d’admissibilité afin de choisir leur équipe. On craignait aussi que des équipes tentent d’influer sur le choix d’un joueur de se rendre ou non disponible au repêchage.

***

Au hockey, toutefois, ces problèmes d’autodétermination de l’admissibilité n’existent pas. Dès que les joueurs atteignent l’âge prévu au règlement (18 ans, sauf exception), n’importe quelle organisation peut les sélectionner.

Pour le plaisir, je me suis donc amusé à confectionner une roue échelonnée sur 32 ans pour voir ce qu’un tel concept pourrait représenter pour des dirigeants d’équipes de la LNH. Ça donne ceci :

  • Années 1 à 8 : sélections 1-32-13-20-8-25-12-21
  • Années 9 à 16 : sélections 3-30-15-18-6-27-10-23
  • Années 17 à 24 : sélections 2-31-14-19-7-26-11-22
  • Années 25 à 32 : sélections 4-29-16-17-5-28-9-24

Si vous collez ces quatre séquences les unes à la suite des autres :

  • cela signifie que chaque équipe serait assurée de bénéficier d’un choix dans le top 8 tous les quatre ans;
  • et que chaque équipe serait assurée de détenir trois sélections dans le top 12 tous les huit ans.

N’importe quel gestionnaire digne de ce nom reconnaîtrait qu’il serait très réalisable de bâtir un bon programme de hockey en misant sur un influx de talent aussi constant et prévisible.

Et surtout, avec un tel système, chacun des 32 directeurs généraux de la LNH serait obligé de se fendre en quatre chaque année pour assembler la meilleure équipe possible pour les partisans. Ce qui, avons-nous tendance à l’oublier, est censé être le but du jeu.

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