La péninsule offre un bon climat pour élever
l'agneau ainsi qu'un stock d'algues inépuisable. Pourquoi
ne pas tenter une union des deux éléments ?
L'agneau nourri aux algues soulève l'enthousiasme.
«
On a une agriculture extraordinaire, et qui se fait, en grande
partie, de façon traditionnelle. Au lieu de copier
ce qui se fait ailleurs, on veut aller plus loin dans nos
particularités », soutient
Luc Potvin, agent de développement à l'Union
des producteurs agricoles.
L'idée d'utiliser les algues, qui s'amassent naturellement
sur les berges, est quand même venue en voyant ce qui
se faisait ailleurs, notamment en Europe. Luc Potvin souligne
tout de même que le projet s'inscrit dans une démarche
de développement durable : au lieu d'aller chercher
les algues en mer, ce qui pourrait perturber le milieu marin,
on utilise plutôt celles qui se sont échouées
sur la plage.
Les premiers tests sont réalisés au Centre
d'expertise en production ovine du Québec (CEPOQ),
à La Pocatière. Les agneaux mis au régime
d'algues l'ont assez bien accepté.
Marie
Vachon, agronome au CEPOQ: «Ils
ont été curieux, surtout parce que c'est salé.
L'odeur aussi les attire. Ça sent un peu comme quand
on se promène à la plage et qu'il y a des algues
échouées. Ils n'en ont pas mangé énormément,
mais quand même un peu. »
On mélange les algues à la moulée habituelle
des animaux et elles servent, en quelque sorte, de supplément.
Luc Potvin, de l'UPA, explique que, si les agneaux avaient
accès au bord de la mer, ils iraient naturellement
brouter des algues, qui leur apportent des minéraux.
« À une époque
où il n 'existait pas de suppléments minéraux
industriels, c'était peut-être une façon
qu'avaient les éleveurs d'apporter des minéraux
aux animaux », souligne-t-il.
Un créneau prometteur
Marie
Vachon : « On fait un peu
comme pour l'agneau des prés salés, qui mange
des herbes disponibles à marée basse. On se
demande si on ne pourrait pas faire ce même type d'agneau,
avec un changement dans la viande comme pour l'agneau des
prés salés. »
Voilà la véritable source d'inspiration: l'agneau
des prés salés de l'île Verte. Les herbes
naturellement salées des pâturages de l'île
donnent à la viande de ce troupeau un goût particulier,
ce qui en fait un mets recherché.
Luc Potvin estime qu'il serait même envisageable, à
moyen terme, de développer une appellation d'origine
contrôlée. «
Qu'on pense à l'origine : c'est une région au
complet qui s'inscrit dans une démarche; que l'on pense
également à ce qu'on est en train de développer,
qui peut constituer les bases de ce qu'on pourrait appeler
un cahier de charges. Parce qu'une appellation, c'est basé
sur une région, mais c'est basé aussi sur des
pratiques. »
La dimension commerciale
L'agneau
est une viande très populaire au Québec, où
on compte plus de 1300 producteurs. La croissance est très
forte depuis environ six ans et les éleveurs sont conscients
de l'importance d'innover.
Dany Grand'Maison, de la bergerie Bedon de laine : «
Je dirais que c'est un plus pour la Gaspésie car on
va se démarquer des autres. On va attirer la clientèle
avec un produit différent, qui va avoir un goût
particulier (
) Ce produit-là pourrait être
notre marque de commerce en Gaspésie. »
Mais il faudra d'abord connaître le résultat
final. Les premières dégustations d'agneau nourri
aux algues sont prévues seulement pour janvier 2005.
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