Si vous vous amusiez à noter les prix demandés pour un litre de lait chez divers commerçants, vous découvririez que le prix du lait se situe dans une fourchette donnée. En effet, au Québec, le prix du lait que vous achetez est fixé par un organisme nommé la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Vous l'ignoriez? Vous n'êtes certainement pas le seul.

D'après Alain Bourbeau, directeur de la recherche économique à la Fédération des producteurs de lait du Québec, à peine 50 % des consommateurs savent que le prix du lait est réglementé. Il y a mieux (ou pire, selon le point de vue), près de 80 % des consommateurs ne regardent même pas le prix du produit avant de l'acheter. Ces constations sont tirées d'un sondage mené par la Fédération des producteurs de lait auprès de 100 consommateurs.

Au Québec, le prix du lait de consommation est fixé par un organisme gouvernemental depuis 1935. À l'époque, une pinte de lait, soit un peu plus d'un demi-litre, se vendait 0,10 $. La même quantité se vend aujourd'hui cinq fois plus cher. Après avoir tenu des séances publiques pour obtenir des informations des personnes intéressées, la Régie des marchés agricoles et alimentaires fixe un prix minimum et un prix maximum pour le lait de consommation.

Fourchette de prix

Un détaillant qui vend du lait doit respecter la fourchette de prix établie par la Régie pour le lait régulier. Par exemple, pour un format de deux litres de lait 2 %, vous devriez payer entre 1,96 $ et 2,60 $.

Le tableau des prix affichés n'est valable que pour la région dite I (Montréal et Québec entre autres); les prix diffèrent pour les régions II et III.

La région II couvre le territoire des M.R.C. d'Abitibi, Abitibi-Ouest, Témiscamingue, Rouyn-Noranda, Vallée de l'Or, Bonaventure, Côte-de-Gaspé, Haute-Gaspésie, Denis-Riverin, Avignon, Haute-Côte-Nord, Manicouagan et Sept-Rivières et des municipalités de Lebel-sur-Quevillon, Matagami et Chibougamau. Dans cette région, compte tenu des frais supplémentaires de distribution encourus, les prix minimum et maximum sont augmentés de 0,06 $ le contenant de 1 litre, de 0,12 $ le 2 litres et de 0,20 $ le 4 litres, que le lait soit vendu à l'épicerie ou à domicile, et peu importe le taux de matières grasses.

La région III couvre le territoire des Îles-de-la-Madeleine. L'échelle y est augmentée pour refléter le coût de transport du lait (les frais sont calculés au poids du produit transporté et un litre de lait a une masse d'environ un kilo), de 0,27 $ le contenant de 1 litre, de 0,53 $ le contenant de 2 litres et de 1,04 $ le 4 litres, toutes méthodes de vente et de taux de matières grasses confondues.

Claude Régnier, secrétaire de la Régie des marchés agricoles set alimentaires du Québec, nous donne plus de détails : « Le prix minimum et le prix maximum répondent à des impératifs différents. Le prix minimum est là pour protéger les distributeurs et les marchands de lait pour éviter qu'il y ait de la part des détaillants en alimentation et d'autres intervenants des pressions à la baisse sur le prix du lait. Le prix maximum est là pour éviter que le consommateur paie plus que ce qu'il est raisonnable de payer pour un produit qu'on considère encore aujourd'hui de première nécessité. »


Lait hors-la-loi

L'épicier a donc tout le loisir d'offrir au consommateur le lait à meilleur prix. Pourtant, la majorité des détaillants le vendent au prix maximum et de plus, 30 % des laits vendus ne sont pas soumis à cette règlementation. Ce sont les laits dits à valeur ajoutée. Tout lait ce qui n'est pas dans un carton ou en sac entre dans la définition du lait à valeur ajoutée : le lait dans un contenant de plastique ou qui a un bouchon, ou un lait qui a subi un type de pasteurisation différent.

Lors de cette enquête, 50 % des dépanneurs visités par L'épicerie vendaient leur lait plus cher que la loi ne l'autorise. Que faire dans des cas pareils? Le consommateur qui se sent lésé peut toujours rejoindre la Régie des marchés agricoles et alimentaires et soumettre le cas de ce détaillant.

Claude Régnier, secrétaire de la Régie, nous explique ce qui suivrait une telle démarche de la part d'un consommateur : « On transmet l'information immédiatement au service compétent du ministère de l'Agriculture, qui fait vérifier sur place par un inspecteur. On laisse une copie de l'ordonnance. L'inspecteur repassera pour voir si les prix ont effectivement été changés. Si les prix n'ont pas été changés, il y a constat d'infraction et poursuite pénale. Dans 99 % des cas, c'est un manque d'information. Il arrive quelqu'un de nouveau au dépanneur, il change les prix, il arrive un nouveau propriétaire, on change les prix. Il suffit de les en informer et le problème est résorbé très vite. »

Donc, assurez-vous que le prix du lait est bien affiché, comme il doit l'être. Si l'affichage fait défaut ou si le prix se situe hors de la fourchette fixée par la Régie, n'hésitez pas à entrer en contact avec l'organisme afin que la situation soit corrigée.