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Émission du mercredi 11 août 2004 à 20 h
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Les allégations « sans sucre »
[enquête du 29 janvier 2004]

Aux États-Unis, la chasse aux glucides (les divers sucres) est à la mode. Les fabricants l'ont compris et mettent plusieurs allégations concernant les sucres sur leurs produits. Mais un produit portant la mention « non additionné de sucre », n'est pas forcément moins calorique, nous apprend cette enquête de L'épicerie.

Depuis quelques années, les grands de l'alimentation ont fait preuve de beaucoup d'imagination pour répondre aux besoins nutritionnels des personnes qui surveillent leur poids et leur consommation de sucre. Ils ont lancé toute une variété de produits « légers », « non sucrés », « non additionnés de sucre » et « sans sucre ajouté ». Mais ces allégations ne sont pas toujours claires. Parfois, même, elles prêtent à confusion. Sont-elles vraiment garantes d'une alimentation plus saine ou ne sont-elles qu'un outil de marketing? Il est difficile de s'y retrouver.


Produit « léger »

Tout d'abord, quand un fabricant indique sur un produit qu'il est « léger », c'est qu'il contient généralement moins de calories ou de gras que son produit régulier.

 


Le Dr Maurice Larocque, de la clinique Motivation minceur, explique cette tendance : « L'industrie s'est dit : "faisons des produits sans gras". Mais par quoi remplacer les gras? L'industrie a choisi les sucres. Et des sucres souvent raffinés. Alors on se retrouve avec des produits sans gras, mais comportant un même nombre de calories, ou très peu moins, et qui ont plus de sucre. »


Par exemple, la version légère du beurre d'arachides contient environ deux grammes de gras en moins, mais deux grammes de sucre en plus par cuillérée à table. Le Dr Larocque commente : « On se donne bonne conscience en se disant "j'ai pris un produit léger, alors je peux me permettre de manger plus". C'est une des attrapes, parce que depuis qu'on a ajouté les produits légers dans notre société, depuis 15 ans qu'ils sont très populaires, il y a une recrudescence de l'obésité excessivement importante. Alors je pense que : un, les quantités sont plus grandes et deux, ayant remplacé les gras par les sucres, on se rend compte aussi que les gens ont plus faim, mangent plus, consomment plus. »


Produit « non sucré »

Quand c'est écrit « non sucré », ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de sucre du tout. Prenons par exemple le jus de pomme « non sucré » Oasis : il contient 16 g de sucre par portion de 175 ml. Pour la même portion, le jus de pomme « non sucré » Del Monte en contient 18 g, soit entre 4 et 5 cuillères à thé de sucre. Mais il s'agit là du sucre naturel des fruits.


Produit « sans sucre ajouté » ou « non additionné de sucre »

On parle ici du sucre raffiné. Geneviève Côté, diététiste à Diabète Québec, nous dit ce que signifie un produit qui porte la mention "sans sucre ajouté" : « Ça veut dire qu'on n'y a pas ajouté de sucre blanc ou un autre aliment qui contiendrait du sucre blanc, de la cassonade, du sirop ou de la mélasse, par exemple. Mais ça ne signifie pas que l'aliment ne contient pas de sucre sous forme naturelle, et ça ne signifie pas non plus qu'on ne l'a pas sucré autrement, c'est-à-dire avec des substituts de sucre. »

Pour reproduire le goût du sucre, l'industrie a en effet développé au fil des ans de nombreux substituts qu'on appelle les édulcorants. Les édulcorants ont souvent un pouvoir plus sucrant que le sucre lui-même. On les retrouve dans deux grandes familles : les sucres de synthèse et les sucres alcool.


Dr Larocque nous parle du premier groupe : « Il y a les sucres de la famille de l'alcool. On pense au manitol, xylitol, sorbitol... Alors je demande aux gens de bien lire les étiquettes. Souvent, on va lire "sans sucre". Un produit sans sucre, un bonbon sans sucre, une gomme à mâcher sans sucre. C'est faux! On y trouve souvent des sucres de la famille de l'alcool. Ces sucres-là fournissent un petit peu moins de calories que la même quantité de sucre blanc, mais ils ont aussi un effet sur le corps. Il faut donc se méfier quand on dit "sans sucre ajouté". »


Les sucres alcool sont faciles à reconnaître. Ils s'appellent xylitol, maltitol, mannitol, sorbitol, isomalt, lactitol. Même si, au sens de la loi, ils ne sont pas considérés comme des sucres, ils contiennent quand même jusqu'à 85 % des calories d'une même quantité de vrai sucre. Ils font augmenter le taux de glycémie dans le sang. En plus, une consommation excessive de ces produits peut causer un effet laxatif.

« Par ailleurs, ajoute Mme Côté, il y a beaucoup de gras dans ces produits. Le fabricant compense avec le gras pour donner une certaine texture au produit. Donc ces produits ne sont pas très avantageux. »


Produit auquel on a ajouté des sucres de synthèse

Il y a enfin les sucres de synthèse : les cyclamates, l'aspartame, l'acésulfame-potassium, la saccharine et le sucralose. Ces édulcorants n'ont pratiquement pas de calories et n'affectent pas le taux de glycémie dans le sang, même s'ils ont un goût très sucré. Par exemple, le sucralose a un pouvoir sucrant 600 fois supérieur à celui du sucre ordinaire! Ces édulcorants sont principalement destinés aux personnes diabétiques, qui s'en servent entre autres pour sucrer leur café. On n'a qu'à penser aux marques Égal, Sugar Twin, NutraSuc, Splenda, etc.


Certains affirment que les sucres de synthèse sont néfastes pour la santé. « Je dirais que les connaissances médicales jusqu'à maintenant ne donnent pas ces réponses-là, estime le Dr Larocque. Certaines personnes brandissent l'épouvantail, mais disons qu'après 10 ou 15 ans d'un usage abusif, je pense aux boissons gazeuses, en Amérique et aux États-Unis, on pense qu'il y a peut-être un impact sur la santé, mais on n'en a pas de preuve formelle. Est-ce que c'est à encourager? Je dirais que tout abus n'est pas à encourager. »


En conclusion : quoi choisir?

Le meilleur choix pour la santé demeure finalement d'éviter les produits auxquels on a ajouté du sucre et de privilégier les aliments sucrés naturellement comme les fruits, les légumes, les produits laitiers et les fibres. Mais si vous êtes préoccupé par la quantité de sucre contenue dans les aliments, soyez vigilants : ne vous fiez pas uniquement aux allégations sur les produits et faites l'effort de lire les étiquettes nutritionnelles.

« Lire les étiquettes devient un art très difficile, croit le Dr Larocque. Il ne faut surtout pas regarder le slogan, ou ce que la compagnie a bien voulu écrire sur l'étiquette. Regardez les informations nutritionnelles, plus précisément les indications sur les glucides. Ce sont les sucres. Regardez combien il y a de grammes de glucides dans le produit. Pour savoir combien de calories viennent des glucides dans ce produit, multipliez le nombre de glucides par quatre, parce qu'il y a quatre calories par gramme de glucides. Par exemple, si vous avez un produit qui contient 20 grammes de glucides, multilpliez par quatre. Cela donne 80 calories. Si le total de calories dans ce produit est de 80, les 80 calories viennent des glucides! »


En terminant

Sachez que le gouvernement canadien a amendé en décembre 2002 le Règlement qui concerne les allégations sur les sucres. Les compagnies ont encore deux ans pour s'y conformer.

Un exemple : si un produit porte la mention « non sucré », on ne retrouvera pas dans la liste d'ingrédients des édulcolorants de type aspartame ou sucralose.

Si un produit porte la mention « non additionné de sucre » ou « sans sucre ajouté », ça veut dire qu'on ne retrouvera pas dans la liste des ingrédients les sucres alcool ou encore des jus de fruits. Ce sera beaucoup plus simple de s'y retrouver!

 

 Note

Vous trouverez l'information complémentaire à ce reportage (hyperliens, etc.) en cliquant sur le bouton « Plus d'info » de la boîte ci-dessous :


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